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« Je serai la candidate de la sortie du nucléaire »
Il y a des inquiétudes légitimes chez les 125 000 employés directs du nucléaire (chiffre Areva). Mais ils seront les premiers à bénéficier de la transition énergétique que proposent les écologistes. La transition permettra de garantir le nombre d’emplois actuels et d’en créer au moins 500 000 supplémentaires d’ici 2020, dont une grande partie dans les énergies renouvelables. Chaque perte d’emploi dans le nucléaire sera compensée par plus de 6 emplois dans la transition. L’Allemagne compte déjà 370 000 emplois dans les renouvelables.
Et c’est sans compter sur l’héritage nucléaire qui nous impose de former et d’embaucher des personnels compétents pour améliorer la sécurité des centrales en fin de vie, et pour créer un pôle d’excellence industrielle en matière de gestion des déchets et de démantèlement des réacteurs permettant de satisfaire les besoins mondiaux en la matière.
De l’ordre de 10 000 salariés sur 10-15 ans, dont une grande partie arrive en fin de carrière, sont à reconvertir dans les 24 centrales appelées à fermer selon l’accord PS-EELV). Le gouvernement parle d’un énorme « plan social » industriel ? A force de taper sur les énergies renouvelables, il est déjà responsable de la disparition de 10.000 emplois dans le solaire. En seulement 6 mois ! Tout cela dans un silence assourdissant et sans qu’aucune reconversion n’ait été envisagée….
Le cas Flamanville : l’EPR, c’est environ 3.000 emplois pendant la construction, dix fois moins après. Et il faut encore investir au moins 3 milliards pour terminer les travaux. Investis dans la transition énergétique, ces 3 milliards permettraient de répondre à un besoin énergétique deux fois plus important et de créer au moins 10.000 emplois pérennes ! Ces emplois seraient créés dans l’installation de poêles à bois (3.000), dans la production d’eau chaude solaire (2.000), le biogaz (1.000), l’éolien (4.000). Et on ne parle pas des emplois dans la rénovation des logements ou dans la chasse au gaspillage énergétique dans les entreprises.
Le cas Gravelines : la centrale de Gravelines emploi un peu moins de 2000 personnes. C’est la plus puissante d’Europe avec ses six réacteurs. La transition énergétique proposée par les écologistes dans le Nord Pas de Calais permettrait de créer plus de 10.000 emplois sur 10 ans, et près de 30.000 à terme.
L’industrie consommatrice d’électricité annonce qu’un renchérissement du prix conduirait à la destruction comprise entre un et deux millions selon les interlocuteurs. Ceci est ridicule pour trois raisons :
- d’abord parce que le prix de l’électricité augmentera quel que soit le moyen de production. La seule vraie solution pour être compétitif sur le plan énergétique : développer l’efficacité énergétique
- ensuite, les méthodes de calculs sont malhonnêtes (Renvoi VERS DOSSIER DE PRESSE)
- enfin, parce qu’une comparaison internationale montre que le prix de l’électricité n’est pas un facteur déterminant pour la santé du secteur industriel. D’après Philippe Quirion, chercheur au CNRS :
« Selon la base de données STAN de l’OCDE, en 2007 (dernière année disponible), (…) il y avait 2,1 fois plus d’emplois en Allemagne qu’en France dans la production de papier, 3,7 dans la chimie hors pharmacie, 2,5 dans l’acier et 3,9 dans les métaux non-ferreux », qui sont toutes des industries très fortement consommatrices d’électricité.
Il complète : « Dans les deux pays, les effectifs dans ces secteurs diminuent régulièrement depuis des décennies, principalement à cause de l’automatisation, mais dans chacun de ces secteurs sauf la chimie, la baisse est plus rapide en France : -19% en dix ans dans le papier en France contre -9% en Allemagne, -13% contre -10% dans l’acier et -30% contre -7% dans les métaux non-ferreux. Dans la chimie, la baisse atteint le même rythme (-19%) dans les deux pays. Les chiffres ne permettent donc pas de mettre en évidence un impact positif du nucléaire sur l’emploi dans les industries électro-intensives. »