CUA_Intervention d’Hélène Flautre lors de la plénière du 25 septembre 2014
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Le contrat local de santé c’est une stratégie locale commune aux institutions aux habitants aux professionnels de santé aux associations, visant le meilleur état de santé possible des habitants, en répondant aux spécificités du territoire et aux caractéristiques de sa population. Il met en œuvre, dans la proximité, le plan régional de santé.
Concernant le CLS qui est soumis à notre approbation je souhaite faire plusieurs remarques et propositions. Si les problématiques vieillissement et grand vieillissement sont dument prises en compte, des éléments du diagnostic territorial sont sous-estimés ou ignorés dont plusieurs indicateurs de santé très préoccupants et en conséquence ne font pas l’objet d’actions spécifiques. Quels sont ils?
Par exemple la part de naissances de mères mineures y est 4 fois supérieure à la moyenne nationale et 2 fois à celle de la région. Cette donnée n’est pas repérée, elle suggère pourtant un plan ambitieux d’actions sur la santé reproductive.
Il y a également une problématique de genre, car à y regarder de près on note sur les indicateurs comparatifs médicaux que les femmes dans la CUA et plus encore spécifiquement sur Arras, meurent prématurément de 2 à 3 fois plus que la moyenne des femmes françaises, selon certaines pathologies. Ainsi la mortalité prématurée par alcoolisme est elle 3,5 fois plus forte pour les arrageoises que pour les françaises (elle est 2 fois plus forte pour les femmes de la CUA et 1,7 fois pour celle du NPDC). Mais aussi le cancer du colon qui en dépit d’un taux de dépistage 2 fois plus important au niveau communautaire qu’à l’échelle régionale, tue prématurément davantage, jusqu’à 2,5 fois plus qu’au niveau national.
Ces données sont peu voire pas prises en considération dans le contrat qui nous est proposé. La dimension de genre largement documentée dans les diagnostics mériterait une stratégie spécifique. Egalement les caractéristiques de la population arrageoise, composée dans une proportion bien plus importante de ménages d’une seule personne ou de familles monoparentales, et appellent des parcours santé adaptés.
Une opportunité n’a pas été saisie c’est celle du plan santé environnement. Les inégalités sociales n’expliquent pas l’entièreté des inégalités de santé. Ainsi la région Languedoc Roussillon présente, à caractéristiques socio économiques comparables, des performances santé bien meilleures. La qualité de l’environnement, la qualité de l’air de l’eau et de l’alimentation sont des éléments déterminants de la santé des populations. Les problèmes de santé n’ont pas tous des réponses sanitaires. L’explosion des maladies chroniques et la diffusion de polluants chimiques dans notre environnement ont parties liées.
Les recommandations nationales appellent à considérer les CLS comme des instruments de mise en oeuvre du plan santé environnement. Car la plus value à l’échelle communautaire réside principalement dans l’articulation des politiques intersectorielles, déplacements, logement, agriculture, biodiversité…Nous regrettons que cette approche essentielle dans notre région, qui présente des indicateurs socio sanitaires et environnementaux dans le rouge, ne soit pas prise en considération. La connaissance des déterminants santé, est essentielle, la diffusion des informations sur la qualité de l’air et de l’eau est un premier pas indispensable. On a vu avec la pollution exceptionnelle des jours derniers que les marges de progression sont considérables.
Le contrat est appelé à être évalué et enrichi dès l’année prochaine, je propose que cette dimension santé environnement fasse d’ores et déjà l’objet d’un groupe de travail associant les médecins, habitants, environnementalistes … afin de préparer le futur volet du CLS. De même le programme de santé reproductive et de genre peut être réfléchi dès maintenant pour mise en œuvre en 2016. Enfin l’ambition de notre territoire pourrait se concrétiser par l’adhésion au réseau ville santé, territoire santé de l’OMS.