Hier mardi 7 février s’est tenue la 13e édition du colloque annuel du syndicat des énergies renouvelables (SER). Michèle Rivasi, porte-parole d’Eva Joly, réagit aux discussions.
Les propositions du livre blanc du SER visant à porter la part des énergies renouvelables (ENR), de 13% fin 2010 à 25% de la production totale d’énergie (électricité, chauffage, transports) en 2020 sont certes louables, mais ne vont pas assez loin. « La France accuse toujours un grand retard en matière d’énergies renouvelables, surtout l’éolien terrestre qui ne compte en 2011 que 875 MW installés (en baisse de 30 % par rapport à 2010). Dans le cadre de leur plan de sortie du nucléaire, les écologistes souhaitent que les ENR assurent 40% de la production d’électricité totale en 2020. Pour réussir cette transition, le gaz naturel devrait être utilisé de façon limitée (20% de la production d’électricité en cycle combiné et cogénération) et il faudra davantage produire de chaleur par le biais de la biomasse ou de la géothermie (l’objectif est d’assurer 35% des besoins en 2020) qui ont un potentiel phénoménal. Les tarifs de rachat devront être plus justes et plus concertés, ce qui n’a pas été le cas pour le photovoltaïque et a tué la filière… »
Pour la porte-parole d’Eva Joly, le Grenelle de l’environnement n’aura été finalement que de la poudre aux yeux: « Le gouvernement se gargarise actuellement de la prétendue percée foudroyante des ENR dans le mix énergétique français, alors que la progression des ENR au niveau mondial (20% de plus qu’en 2010) est sans commune mesure avec l’ambition française. Il faut surtout donner un cadre clair et stable au soutien de l’Etat au développement des filières ENR, car les investisseurs privés comme les particuliers doivent avoir confiance pour pouvoir investir dans un tel contexte de crise économique. »
Michèle RIVASI s’indigne par ailleurs de la volonté des industriels d’imposer leurs choix et plaide pour l’énergie citoyenne: « Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez, explique que les énergies renouvelables sont coûteuses et vont pénaliser notre compétitivité, tout en conseillant de rouvrir le dossier du gaz de schiste. Nous estimons que la production d’énergie est un bien commun, elle ne doit donc pas être monopolisée par le secteur privé. De manière générale, la politique énergétique de la France ne doit pas être dictée par les seuls industriels. Il faut que les ménages français soient les acteurs de la révolution énergétique, en réinjectant dans le réseau électrique le surplus d’énergie qu’ils peuvent générer depuis leur domicile ».