Mercredi 1er février, l’Assemblée nationale a donné son feu vert pour la création d’un fichier centralisé des « gens honnêtes », permettant de croiser les données biométriques de 45 millions de Français. Une atteinte sans précédent aux libertés publiques, un rêve pour monsieur Guéant.
Sous le fallacieux prétexte de lutter contre les usurpations d’identité et la fraude, ces cartes d’identité comporteront, dès 2012, deux puces électroniques RFID : une puce « régalienne » qui stockera les données biométriques de son propriétaire et une puce de signature électronique à vocation commerciale, toutes deux gérées par le ministère de l’Intérieur. Ce système permettra de croiser l’identité du citoyen avec son comportement de consommateur. Il sera également possible de lire le contenu de la carte à distance, sans contact, grâce à la technologie RFID. N’importe quelle personne possédant un lecteur de puces RFID pourra capter les données figurant dans la carte, ouvrant ainsi le champ à toutes les dérives possibles.
Pour Eva Joly, « La mise en œuvre de cette carte entraînera un fichage de tous les citoyens de plus de 15 ans d’une ampleur jamais égalée en France. Ce nouveau fichier viendra s’ajouter aux 80 fichiers de police déjà existants, dont 45 % n’ont aucune base légale.
Pire que le Big Brother d’Orwell, les responsables de cette loi ne comprennent pas que créer un tel fichier, c’est créer le risque de voir ses dispositions étendues à des problématiques dont on se prémunit pour le moment : un peu à la façon dont le gouvernement a agi avec le fichier ADN confinés aux délits sexuels et maintenant étendus à plusieurs millions d’individus dont des syndicalistes en lutte comme Xavier Mathieu.
Par ailleurs, il est une chose qu’ils ne saisissent en rien. À l’heure du tout numérique, ce fichier ouvre le risque au hacking de toutes les données rassemblées sur l’identité des Français par des individus mal intentionnés. La numérisation des fichiers, comme l’Internet, est à double-tranchant, c’est une évidence. D’un côté, nous avons la chance de voir un partage augmenté des savoirs et des réseaux démultipliés, de l’autre, l’augmentation des possibilités d’attaque et d’usurpation. Croire qu’il sera possible un jour de contrôler cet Internet sous le principe de la censure est un leurre.
La constitution d’un tel fichier est donc une ‘bombe à retardement’ pour les droits de l’Homme ; je ne fais que citer François Pillet, le rapporteur UMP affecté à cette proposition de loi. Un tel fichier a d’ailleurs déjà existé, c’était le ‘fichier des gens honnêtes’ créé en 1940 par le maréchal Pétain et supprimé à la Libération en 1944 car il portait une atteinte évidente au principe de liberté individuelle.
Je m’emploierai donc à combattre cette loi liberticide et dangereuse pour chacun d’entre nous, les honnêtes gens de la République. »