Alors que l’extrême droite préfère les paysans d’ici à ceux d’ailleurs, les écologistes choisissent la solidarité en encourageant à la fois l’agriculture de proximité et le commerce équitable. De quoi créer des dialogues de sourds au conseil régional.
Il y a un point sur lequel, pour de mauvaises raisons, l’extrême droite la plus radicale croit rejoindre les écologistes : le fait d’encourager l’agriculture de proximité. En octobre 2011, dans un débat sur les menus des cantines des lycées, c’est Alexandre Gabriac, jeune conseiller régional et leader d’un mouvement néo-fasciste, qui s’en félicite : « Cela permet en effet au consommateur de faire travailler les paysans de sa région, ce qui représente un acte de solidarité fort à l’heure de l’individualisme et des délocalisations. » Christophe Boudot, lui, parlait en décembre 2010 de « préférence rhônalpine, prélude peut-être à une autre préférence que l’on appellerait nationale».
Protectionnisme borné
En fait, là où le FN voit du protectionnisme borné excluant les produits « de l’étranger », les écologistes proposent simplement de restaurer les solidarités locales dans les campagnes. On ne parle pas la même langue.
Cette fausse convergence s’arrête d’ailleurs dès la suite du programme : Alexandre Gabriac regrette dans son intervention que le soutien à l’agriculture de proximité s’articule d’un soutien au commerce équitable. En effet, pour les écologistes, ce sont là deux faces d’une même solidarité, au Nord comme au Sud, les produits n’étant généralement pas les mêmes.
Le nougat de Montélimar
Mais le commerce équitable dérange beaucoup la droite extrême, jusque dans le groupe de l’UMP et de ses alliés. Lors du même débat, Patrick Louis, membre du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers, se lance dans une diatribe ignare : « Bien sûr, si vous favorisez le commerce équitable, c’est que vous avouez que les autres sont inéquitables. Permettez-moi, après avoir défendu nos agriculteurs à cette tribune, de défendre les commerçants locaux qui, à ce que je sache, ne semblent pas traités avec équité de votre part. »
Toujours en octobre 2011, Bruno Gollnisch n’est pas en reste sur les clichés liés au commerce équitable : « une barre de céréales sucrées fabriquée dans la région était à base de noix de Bolivie, de sucre du Paraguay, de miel du Mexique, etc., tout ceci au nom du commerce équitable, (…) c’était peut-être choquant dans une région qui est connue par exemple pour ses productions de nougat à Montélimar. »