Eva Joly s’est rendue jeudi 22 décembre sur la plage d’Erdeven, dans le Morbihan, pour constater le naufrage du cargo TK Bremen le 16 décembre, et déplorer les défaillances qui ont amené à ce préjudice écologique.
L’urgence d’un remorqueur
Arrivée à 11h30 sur la plage d’Erdeven, Eva Joly a pu rencontrer le porte-parole de la CGT des Marins du grand Ouest, qui lui a raconté son combat de plusieurs mois en faveur du retour d’un remorqueur dans le bassin Gascogne. Jusqu’à septembre 2011, l’« Abeille Languedoc » opérait dans la région, avant d’être envoyée dans le Pas de Calais en raison d’un désengagement britannique dans le partenariat de financement du remorqueur Anglian Monarch.
De façon urgente la Bretagne doit avoir un remorqueur à demeure en Bretagne sud, a-t-elle déclaré.
Xavier Cantat
Une nouvelle législation pour éviter de nouveaux drames
Si les autorités portuaires ou les préfectures maritimes peuvent interdire à un bateau de prendre la mer quand ils jugent qu’il est en mauvais état ou avec un équipage en nombre insuffisant ou mal formé, cela n’est pas si évident concernant les conditions météorologiques. Devant la cascasse du cargo échoué, Eva Joly a répété que la catastrophe du TK Bremen aurait pu être évité, si les mesures nécessaires avaient été prises par la capitainerie pour interdire la sortie du navire. Elle a donc jugé nécessaire de mettre en place une loi permettant aux capitaines de port de bloquer la sortie de navires en cas de mauvaise météo.
Une succession d’erreurs évitables
Pour Eva Joly, »la pression de la mondialisation, l’utilisation des pavillons de complaisance des paradis fiscaux, le fait que ce n’est plus des vrais marins, les salaires dans la marine marchande qui sont trop bas… », a-t-elle dénoncé, dos au navire.
« On a pris une décision absurde qui était de quitter un port alors qu’il y a avis de tempête, alors qu’il n’y a pas de nécessité de le faire, pour faire une économie de bouts de chandelle, on rejette le problème à la collectivité et on détruit la nature », a-t-elle ajouté, avant de déclarer que cet accident était « prévisible et évitable ».
L’inquiétude des ostréiculteurs
En début d’après-midi, Eva Joly a visité la ferme ostréicole du Listrec, à Locoal Mendon, où elle a pu se rendre compte de l’inquiétude des ostréiculteurs face à ces préjudices écologiques. Aux côtés de Jean-Noël Yvon, ostréiculteur, elle a apprécié le charme paradisiaque de la Ria D’Étel, dont 5 des 36 chantiers ont été touchés par les fuites de fuel de propulsion du TK Bremen.
La journée s’est terminée par une dégustation d’huitres conviviale entourée d’élus locaux.