Bonjour,
J’ai tenu à faire cette conférence de presse aujourd’hui pour montrer qu’il existe une autre voie que celle de l’austérité.
Nous le savons, ce qui a été dégradé vendredi c’est le sarkozysme. Depuis plusieurs mois Nicolas Sarkozy se posait en gardien protecteur du triple A. Il en avait fait un trésor national comme le lui conseillait Alain Minc, ce grand visionnaire qui affirmait en 2008 que la crise était derrière nous. Mais depuis quelques semaines Le président de la République avait changé de pied : la perte du triple A n’était plus un drame national. Quel manque de cohérence, quelle absence de stratégie…
Cela dit, la décision de vendredi c’est aussi la dégradation de l’austérité. Je voudrais vous lire une phrase de l’analyse de S&P qui accompagne la dégradation de la note : « nous croyons que l’austérité budgétaire seule est vouée à l’échec». Je ne fais pas de la politique pour plaire aux agences de notation. Mais quand nos analyses se rejoignent parfois, je ne vais pas changer d’avis !
Vous en êtes témoin, cela fait des mois que je le dis : l’austérité généralisée en Europe nous mène dans le mur. Et j’entends déjà ceux qui disent après la perte du tripe A : « il faut un plan d’austérité supplémentaire, il faut un nouveau tour de vis ». Je leur dis : vous vous trompez. Il ne faut pas augmenter la dose d’un médicament qui nous tue. Il faut résolument changer d’ordonnance.
Depuis des années, nous faisons reposer notre monde sur un modèle qui vit à crédit et s’épuise. Il ne s’agit pas simplement aujourd’hui d’y ajouter un correctif, mais de lui donner un cap, de lui donner un sens.
La crise est bien sur européenne je vais y revenir. Mais vendredi tous les Etats européens n’ont pas été dégradés. Il y a donc bien une maladie française, une spécificité française. Et qui d’autre que la droite au pouvoir depuis 10 ans peut en être responsable ? Vous savez que j’aime beaucoup les chiffres. Je n’en citerai ici qu’un seul et je le tiens de Gilles Carrez rapporteur UMP de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale : « si les taux d’imposition était aujourd’hui ceux de l’an 2000, alors les recettes fiscales de l’Etat seraient supérieures de 100 milliards d’euros », c’est plus que le déficit public 2011. Autrement dit, le déficit ce n’est pas d’abord la crise qui l’a creusé mais bien les cadeaux fiscaux… qui ont commencé en l’an 2000.
Dans cette campagne, il y a ceux qui disent « on ne peut plus rien faire ». Vous les reconnaîtrez. Il y a ceux qui promettent le grand soir, il a ceux qui sont prêts à faire prendre à la France des risques sans pareils. Moi, je veux tenir un discours de vérité et de projet. J’ai fais il y a maintenant 4 mois un contre budget. J’ai été et je suis toujours à ce jour la seule candidate à l’avoir fait. C’est pour moi un motif de fierté car dans cette campagne désespérément floue, où chacun semble jouer une course de lenteur, moi je joue carte sur table. Je vous rassure je ne vais pas vous répéter aujourd’hui tous les choix budgétaires que j’avais fait à l’époque. Mais ces choix dessinent bien, de manière chiffrée et financée, un autre chemin pour la France.
Ce chemin c’est celui d’une réduction mesurée mais effective du déficit public et celui d’une politique d’investissements qui permet de retrouver l’espoir. Ce chemin équilibré prévoit de baisser d’un point par an le déficit budgétaire. Et d’investir dans le même temps près de 15 milliards dans la conversion écologique de l’économie. Je l’ai montré vendredi à Alizay cette politique permet de créer massivement des emplois et de préparer l’avenir de notre économie. C’est la réponse à notre crise qui est une crise multiple, financière, sociale et écologique. Depuis vendredi et cela risque de continuer pendant les 3 mois qui nous séparent du premier tour va se jouer une bataille d’interprétation du triple A. Dans cette bataille je tiendrai le cap que je tiens depuis le début : montrer la crédibilité d’un autre chemin que celui de l’austérité qui nous enfonce dans la crise.
Depuis 2008, les Etats se sont massivement endettés. Pas pour le plaisir. Mais parce qu’ils devaient le faire pour empêcher une catastrophe encore plus grande. Il est donc absurde de le leur reprocher aujourd’hui. Et il est tout autant absurde de vouloir faire payer ce désendettement au peuple en détruisant les services publics et les droits sociaux. Ce ne sont ni les retraités, ni les chômeurs ni les fonctionnaires qui ont causé la crise de 2008.
Je propose la création d’un « fonds européen de désendettement». Au niveau de la zone euro, nous pouvons ainsi créer un « pot commun » auquel les Etats de la zone euro transféreront une partie de leur dette équivalente à 20 points de PIB. Ce fonds doit permettre de garantir le remboursement des dettes mais sur une période plus longue que ce qui est prévu aujourd’hui. Ce fonds sera garanti par l’ensemble des Etats de la zone euro.
Cette proposition je ne la sors pas de mon chapeau. Elle a été formulée il y a plusieurs semaines par le groupe des cinq experts économiques qui conseillent le gouvernement allemand. Elle est aujourd’hui reconnue par de nombreux économistes, y compris de bords différents. Pascal Canfin reviendra ensuite sur ses modalités précises.
C’est la seule solution aujourd’hui pour en finir avec la dette de crise, sans tomber dans l’enfermement budgétaire, ni ignorer nos responsabilités.
Je propose aussi qu’une partie de la future taxe européenne sur les transactions financières soit affecté au remboursement de cette dette de crise, puisque c’est bien la finance qui nous a mis dans cette situation.
Enfin, nous devons lever une taxation exceptionnelle sur l’ensemble des patrimoines de façon à lever un mur d’actifs face au mur de dettes. Cette solution est d’une très grande justice sociale puisque la détention du patrimoine est beaucoup plus inégalitaire que celle des revenus.
Ma première ambition, c’est de montrer que l’écologie est le chemin responsable pour l’avenir. Les écologistes sont les seuls à proposer un projet qui ne se coule pas dans les formules anciennes et qui trace un avenir pour les trente prochaines années. Nous ne regardons pas dans le rétroviseur, nous proposons simplement de changer de perspective. Je l’ai montré vendredi, cette nouvelle perspective permet de créer massivement des emplois et de préparer l’avenir de notre économie. Elle est également créatrice de solidarité, de services publics et de bien vivre.
Ma deuxième ambition, c’est de reprendre la main sur la finance qui a asservi la politique. J’ai consacré toute ma vie à lutter contre cette délinquance en col blanc qui se dissimule, mais vide les poches de nos concitoyens. Je l’ai vu dans l’affaire Elf, je l’ai vu en Norvège lorsque je pilotais la lutte contre les paradis fiscaux et en Islande après la crise. Après les déclarations martiales de Nicolas Sarkozy ou les grandes promesses de moralisation du capitalisme, rien ne s’est passé. Il suffirait pourtant du courage de certains gouvernants contre les paradis fiscaux pour donner aux finances publiques le bol d’air dont elles manquent aujourd’hui et pour redonner à nos citoyens confiance dans la justice et dans l’avenir.
Je ne me satisfais pas d’un monde où le seul critère d’évaluation des politiques publiques est la finance. Nous avons besoin d’avoir un regard de long terme. C’est pourquoi nous proposons de créer des agences de notation sociale et environnementale, qui évaluent les politiques publiques au regard de leurs conséquences sur les grands équilibres écologiques et sur la justice sociale. Nous le proposons non seulement parce que nous pensons que c’est juste, mais aussi parce que c’est bien plus pertinent : les principales menaces qui pèsent sur notre économie sont la surexploitation des ressources ou la mauvaise répartition de nos richesses. Ne pas prendre en compte ces critères dans la notation des politiques publiques, c’est rester le nez collé sur le pare-brise, et ne pas regarder quelles sont les menaces lourdes présentes sur la route.
Ma troisième ambition, c’est de redonner toute sa place à l’Europe. Le changement ne s’écrit pas qu’ici et dans les semaines qui viennent, c’est parce que nous serons capable au niveau européen et surtout en France au mois d’Avril et en Allemagne l’année prochaine, de donner un nouveau cap que nous pourrons le rendre réel.
Dans les semaines qui viennent, je vais me concentrer dans cette campagne, pour convaincre les Françaises et les Français, que l’austérité n’est pas une fatalité : des solutions existent et peuvent nous permettre de retrouver une prospérité partagée. Je souhaite proposer un espoir crédible à mon pays. Je souhaite que la perte du triple A soit l’occasion de prendre conscience que notre modèle est à bout de souffle et qu’il est urgent d’en faire naître un nouveau. Il y a de la place dans cette campagne, pour un discours de propositions et de visions et pour un chemin fait de responsabilité et d’inventivité.
A l’heure où dans chaque foyer, dans chaque famille, chacun s’inquiète pour la fin du mois, je veux dire à tous les Françaises et à tous les Français, il y a un espoir, il suffit de le saisir.
Il est temps de faire de l’alternance une alternance utile, de lui donner une couleur. La couleur verte, celle de l’espoir.
Téléchargez le projet de budget pour 2012 (14 pages) en cliquant ci-dessous