Certains travailleurs sont plus exposés aux ondes électromagnétiques que d’autres. Les conducteurs de métro en font partie. Dans un article du Monde en date du 8 février, nous apprenons qu’un conflit oppose actuellement les élus du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de la RATP et la direction de la Régie. Cette dernière bloque la réalisation d’une expertise indépendante pour connaitre l’effet des ondes électromagnétiques sur les salariés de la RATP.
Pour Michèle Rivasi, députée européenne EELV, il est primordial que ce genre d’étude puisse avoir lieu afin de mesurer dans des conditions réelles l’exposition de ces salariés. « De nombreux travailleurs sont exposés quotidiennement aux champs électromagnétiques: de la caissière de supermarché à l’agent de sécurité qui travaille près des portiques, en passant par le conducteur de taxi ou de tramway, les personnels dans les hôpitaux, l’agent EDF qui pose les câbles électriques, l’installateur d’antennes relais, le soudeur dans les usines de métallurgie, les salariés de la bibliothèque nationale etc… Le centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui dépend de l’OMS, a récemment classé les ondes basses fréquences du réseau électrique et les radiofréquences de la téléphonie mobile comme cancérogènes possibles pour l’homme. Comment se fait-il que ces risques ne soient pas pris en compte désormais ? ».
Une étude commanditée par EDF et faite sur plus de 220 000 salariés a montré dès 1994 les liens existants entre la surexposition aux champs très basse fréquences et l’apparition de cancers chez les professionnels. D’autres études plus récentes soulignent de leur côté le lien avec le développement de maladies neurodégénératives(1).
Pour la RATP, qui a réalisé ses propres mesures, les résultats mesurés ont toujours été inférieurs aux normes en vigueur, soit 41 V/m pour la 2 G (GSM). « Ces normes ne veulent rien dire car même le Parlement européen s’accorde à les reconnaitre comme beaucoup trop élevées. A l’heure où l’on expérimente enfin concrètement le 0,6 Volt/mètre, le principe de précaution implique que des mesures d’impacts fiables et crédibles soient réalisées. Le blocage manifeste de la RATP ne fait pas honneur à la Régie et à sa sincère préoccupation de la santé de ses salariés. La seule solution pour remédier à ce blocage est le recours à des mesures indépendantes, menées par le CHSCT de la RATP et non pas ses dirigeants, » conclut Michèle Rivasi.
(1) L’Université de Berne, en 2007, a analysé les causes des décès employés des Chemins de fer suisses en tenant compte du degré d’exposition aux forces électromagnétiques induites dans leur métier. Le risque le plus élevé se trouve au sein du groupe le plus exposé.