Article publié sur Terra Femina
A l’occasion de l’élection présidentielle, Terrafemina a rassemblé quelques les chiffres forts tombés en 2011, révélateurs des inégalités touchant les femmes et des progrès à accomplir en termes de droits des femmes. Ces données ont été soumises à chaque candidat. Eva Joly, représentante d’Europe Ecologie-Les Verts, commente ces chiffres pour nous et revient sur la nécessité de faire de l’égalité femmes-hommes un enjeu du prochain quinquennat.
En France, 1 femme sur 10 serait victime de violence conjugale (Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales)
Eva Joly : « Les violences faites aux femmes sont le marqueur dramatique et mortel de l’ampleur des inégalités entre les femmes et les hommes dans notre pays. Si je suis élue, je me suis engagée à proposer au Parlement dès 2012 un projet de loi-cadre contre les violences faites aux femmes afin de suppléer aux insuffisances de la loi de 2010.
Cette loi-cadre, que je souhaite co-construite avec les associations mobilisées contre les violences faites aux femmes intégrera un large volet préventif ainsi qu’un volet permettant d’améliorer l’accompagnement des femmes victimes de violences. Elle augmentera de manière sensible le nombre de centres d’hébergement et de logements temporaires pour les femmes victimes de violences, et prévoira un large plan de formation des professionnel-le-s de la santé, de l’éducation, de la justice et de la police aux spécificités des violences de genre. »
Aujourd’hui, une femme gagne en moyenne 27% de moins qu’un homme (Observatoire des inégalités)
E.J. : « Cet écart est intolérable. Il est urgent de faire appliquer l’article 99 de la loi du 9 novembre 2010 sur les pénalités applicables aux entreprises en cas de non-respect de l’égalité professionnelle. Par ailleurs, j’introduirai une clause d’égalité salariale obligatoire pour tout marché public ou toute aide publique aux entreprises et réserverai l’exonération de cotisations sociales aux emplois en CDI de plus de 30h/semaine. Il s’agit également de lutter contre les stéréotypes de genre dès l’école et au niveau de l’orientation professionnelle, d’organiser la mixité des emplois, et de mettre en place une véritable politique d’articulation des temps de vie en liant la tendance à la réduction du temps de travail avec une campagne de sensibilisation au partage des tâches domestiques. »
On compte moins de 20% de femmes parmi les députés, seulement 12,3% de conseillères générales, et plus de 90% des maires de communes de plus de 3500 habitants sont des hommes
E.J. : « L’écologie politique a toujours été à l’avant-garde du combat pour la parité. Je souhaite que l’article 1er de la Constitution sur l’égal accès des femmes et des hommes aux responsabilités électives soit effectivement appliqué. Pour cela, nous devrons fonctionner en deux étapes :
– La parité de candidatures : tout parti qui ne présentera pas 50 % de candidates aux élections verra son financement public entièrement suspendu ;
– Pour aller vers une parité de résultat, tout parti qui n’aura pas a minima 40 % de femmes parmi ses représentant-e-s élu-e-s verra son financement public diminué. Ces pénalités seront proportionnelles au manquement à l’obligation légale. »
La France compte 1,76 million de familles monoparentales en France. 30% vivent en-dessous du seuil de pauvreté. La majorité est constituée de femmes. (Chiffres Insee)
E.J. : « L’enjeu de la précarité des femmes, et plus spécifiquement la pauvreté des familles monoparentales constituées de femmes, montre la nécessité de faire de l’égalité femmes-hommes un impératif transversal. Quand je propose des mesures concrètes pour lutter contre la précarité énergétique, bien évidemment, j’ai conscience que ce sont les femmes qui sont les plus touchées. Mais je prends également l’engagement dedévelopper un service public de la petite enfance au niveau local et de privilégier les structures de l’ESS pour créer 400 000 places en crèche supplémentaires, ainsi que celui de rouvrir la possibilité de scolariser les jeunes enfants dès deux ans. Cela permettra de mettre un frein à la contrainte des femmes les plus précaires de se retirer de la vie active à cause de moyens de garde trop peu développés et/ou trop chers. »
12 000 à 15 000 avortements sur des mineures sont pratiqués chaque année en France. (Mutuelle Générale de l’Education Nationale)
E.J. : « Il faut garantir le droit à l’IVG par la réouverture des centres qui ont été fermés par les gouvernements successifs de droite, une centaine depuis 2004, et en créer de nouveaux. J’engagerai également le remboursement intégral de l’IVG : les inégalités sociales en matière d’accès à ce droit sont inacceptables. Par ailleurs, il faudra bien évidemment développer la contraception. Cela se fera notamment par le financement de la recherche publique autour de la contraception masculine, par l’extension du dispositif de Pass contraception à l’ensemble des lycées français (initiative portée par Europe Ecologie – Les Verts dans la région Ile-de-France) pour aller progressivement au cours du mandat vers l’accès gratuit et anonyme à la contraception pour les jeunes de moins de 25 ans, et par le remboursement à 100% de tous les contraceptifs pour le reste des assurés sociaux, y compris les préservatifs. »
18 % de femmes expertes sont intervenues dans les médias, contre 82 % d’hommes en France (Rapport de la Commission sur l’image des femmes dans les médias)
E.J. : « Je connais ces chiffres et, si je peux me permettre, la constate régulièrement dans mes propres contacts avec les médias. Le rôle de l’Etat et du gouvernement sera d’assurer la parité de l’ensemble des nominations publiques et d’engager une réflexion sur la parité dans le monde associatif et syndical. »