Interview dans le journal télévisé d’Antenne Réunion

Arrivée sur l’Île de la Réunion samedi matin, Eva Joly était invitée sur le plateau du journal télévisé d’Antenne Réunion. Elle a répondu aux questions de Laurence Françoise sur l’incendie du Maïdo, mais aussi sur les attaques de requins survenues sur nos côtes. Eva Joly revient dans cet entretien sur sa place au sein de son parti politique. 

Vous êtes pour l’achat d’un bombardier d’eau pour La Réunion, autrement dit vous dénoncez une mauvaise gestion de ces incendies ? 

Cette mauvaise gestion de l’incendie a eu comme conséquence de brûler peut-être 2 000 hectares inutilement. Si vous aviez eu le Dash dans les 48 heures, on aurait pu circonscrire l’incendie. Donc ne pas avoir accepté cette demande pressante de la population, des pompiers et du préfet, ça nécessite une explication.

On vous a sentie plus prudente sur le dossier des requins. Vous avez fait un déplacement qui n’était pas prévu au programme à Boucan Canot. Cela veut tout de même dire que cette problématique vous paraît importante. Pourtant aucune déclaration, aucune prise de position ? 

Je pense qu’il n’y a pas de solution facile. Autant pour l’incendie il y a une solution, pour les nombreuses attaques de requins, il n’y a pas de solution simple. Moi je crois beaucoup au dialogue. Je crois au fait qu’il faille chercher une solution qui réunisse les pêcheurs, les baigneurs, les surfeurs et les scientifiques.

Quelle aurait été votre piste sur ce dossier ? 

Peut-être savoir d’abord combien il y a de requins. C’est-à-dire faire une vraie période d’observation, les marquer et déterminer les espèces. Je pense que nous n’avons pas assez de connaissances, mais je pense qu’il faut prendre en considération le droit de tout le monde parce qu’être privé d’accès à la mer, c’est très violent. C’est un droit pour moi très fondamental que de pouvoir se baigner.

Sur le plan local, Europe Écologie Les Verts a récemment connu un malaise avec la démission de la porte-parole Vanessa Miranville. Vous allez rencontrer les représentants locaux ce soir. Est-ce pour remettre de l’ordre dans tout ça ?

Je suis ici pour rencontrer les citoyens et les militants. Mon message c’est que l’élection à venir est très importante et que je porte un projet qui intéresse aussi les Réunionnais parce qu’il y a des solutions aux problèmes de la crise, du chômage, de l’austérité, du travail des jeunes. Donc c’est un programme très exhaustif.

Pour La Réunion, sachant que nous sommes en pleine crise économique, s’il fallait choisir une mesure entre l’écologie et l’emploi, quelle serait votre solution ? 

Je refuse de choisir entre l’écologie et l’emploi. L’écologie c’est aussi l’emploi. Le reconversion écologique de l’économie crée de l’emploi. Au niveau national, la transition énergétique va générer 800 000 emplois. Il n’y a pas d’opposition entre l’économie et les décisions des Verts.

Un sondage BVA paru hier sur un site Internet dit que 60% des personnes interrogées souhaitent votre retrait de la course à l’Elysée. N’êtes-vous pas en train de payer les remous de ces dernières semaines ?

Je ne le pense pas, ça fait 39% qui pensent que je suis à ma place. Et si la moitié de ceux là votent pour moi, ce serait un score historique pour un Vert. Si vous regardez les chiffres en ce qui concerne Nicolas Sarkozy, ils ne sont pas très loin.

Etes vous toujours bien dans vos baskets de représentante des Verts pour 2012 ? 

Absolument, je suis très bien dans mes baskets. Je trace mon sillon. Je suis une femme indépendante. Je porte le projet écologique avec comme socle l’accord que nous avons passé avec le Parti socialiste.

Vous pensez avoir le soutien nécessaire pour emmener sereinement les Verts vers 2012 ? 

J’ai tous les militants avec moi. Il y a énormément de messages de soutien. Je pense que les combats qui sont les miens sont des combats que les citoyens comprennent bien.

Les cadres du parti vous conseillent tout de même de jouer plus collectif. Il y a eu aussi la démission de votre porte-parole. Êtes-vous toujours en adéquation avec les vôtres ?

Complètement. Nous avons eu une réunion téléphonique et tous les cadres m’ont assuré de leur volonté de vouloir faire campagne avec moi. Donc tout va bien.

Votre réaction aux propos tenus par Jean-François Copé sur l’accord entre les Verts et les Socialistes sur le projet de réforme de l’ONU ?

Entre Copé et moi, ce n’est pas sûr que ce soit moi qui suis folle. Ça peut être l’autre. Franchement, la modernisation de l’ONU, c’est un projet qui a au moins quinze ans et l’UMP a voté comme un seul homme au Parlement européen cette réforme en 2004. Donc c’est vraiment une réforme qui est consensuelle. Le monde depuis 1945 a changé. Nous voulons une plus grande représentation des pays émergents et nous voulons sortir du système archaïque du veto donné à quelques pays.

Source : LINFO.re