La biodiversité urbaine

La ville est devenue le lieu privilégié de la sensibilisation des citoyens à la nature.

La conservation de la biodiversité est un enjeu pour la ville . La mesure phare du Grenelle de l’environnement est l’établissement des « trames vertes urbaines » et des « trames bleues » (cours d’eau petits ou grands) qui doivent permettre de recréer des corridors naturels nécessaires à la survie de nombreuses espèces animales et végétales.

Plus soucieuse de son environnement, la ville aujourd’hui se veut écologique, les projets d’éco-quartiers ou de villes durables fleurissent partout dans le monde. L’implication des habitants dans la démarche et les échanges avec les scientifiques ( pour un inventaire des espèces locales ou des solutions techniques par exemple) représentent deux atouts pour la réussite de ces projets.

FAVORISER UN ENVIRONNEMENT NATUREL DE QUALITE

Retrouver les structures tampons dans les paysages autour de nos villes comme les haies, les zones humides ( marais, étangs, mares ) et les prairies permanentes permet de restaurer la qualité de

l’eau, la végétation spontanée pérenne et la population d’oiseaux, de mammifères, d’insectes qui permettent aux plantes de se maintenir par la pollinisation et la dispersion des graines.

Retrouver une plus grande variétés d’espèces végétales c’est, de fait, protéger et faire se multiplier le nombres d’espèces qui en sont dépendants, créer un environnement favorable à la vie de l’homme dans les villes et ses alentours.

DE NOUVELLES PRATIQUES ET UN NOUVEAU REGARD

Réduire au maximum l’utilisation des produits phytosanitaires et engrais chimiques qui sont les principaux pollueurs des eaux superficielles et souterraines en adoptant la pratique du désherbage thermique, mécanique ou manuel et en utilisant les produits naturels disponibles est un facteur important de la restauration de la qualité de notre environnement.

Le paillage des massifs floraux est un moyen alternatif aux pesticides en ville et dans nos jardins contre les mauvaises herbes envahissantes. Un paillage réalisé avec la récupération du broyage d’élagage local, par exemple, maintient l’humidité des sols, il recrée une vie microbienne et rétablie ainsi leur équilibre naturel.

Changer le regard des citoyens sur les espèces végétales les plus simples dites « mauvaises herbes » permettra de faire accepter l’existence de zones où on les laissera libres de se multiplier comme au pied des arbres dans les villes ou dans des zones de prairies naturelles où poussent des espèces spontanées, adaptées localement et qui ne nécessitent pas de soins particuliers. La nature peut ainsi s’organiser au coeur des espaces verts d’une ville. Véritables « garde-manger » ces espaces profitent aux insectes, oiseaux, papillons et pollinisateurs qui se multiplieront en nombre et en espèces. Les fauches tardives permettent à cette végétation de grainer.

La gestion différenciée des espaces verts offre un paysage urbain des plus agréables pour les citadins. En région, la ville de Loos en Gohelle en donne un bel exemple réalisant à la fois des espaces horticoles ( parcs et jardins), mais aussi des espaces naturels dévolus à une flore plus locale. Des prairies fleuries, des massifs floraux et des jardinières complètent le paysage sans oublier 15 hectares d’un bois en gestion conservatoire. Dans le Nord, la ville de Grande Synthe offre 127m² d’espaces verts par habitant amplifiant son action vers les éco-quartiers, les jardins familiaux et le retour des animaux rustiques en ville. Ces espaces rendus à la nature donnent l’occasion pour les habitants d’une promenade « à la campagne », en ville.

LA VILLE, CONSERVATOIRE DE LA BIODIVERSITE : SE DONNER LES MOYENS D’Y PARVENIR

Biodiversité urbainePréserver un espace libre près des trottoirs, contre un pavement, c’est permettre la germination de plantes qui s’installeront naturellement pour le plaisir des insectes, araignées et oiseaux.

Maîtriser les plantes invasives est nécessaire comme il est nécessaire de laisser des bouquets d’orties utiles aux chenilles des papillons dans les espaces naturels de nos villes et de nos jardins.

Remplacer les haies de thuyas (acides et uniformes) par des charmilles sera apprécié des insectes, et c’est toute la chaîne alimentaire qui se restaure pour le bonheur des mésanges par exemple, véritables bio-indicateurs de la qualité environnementale à laquelle elles sont très sensibles. Leur préservation demande à disposer des nichoirs en ville et dans nos jardins. Il est bon de créer des habitats composés de cailloux, de bois morts percés qui pourront accueillir abeilles, araignées et insectes divers.

La préservation des abeilles nécessite d’installer des plantes mellifères et de poser des ruches municipales sur les toits de bâtiments publics. L’expérience montre que les ruches citadines se portent plutôt bien alors que le nombre d’abeilles en milieu céréalier s’est effondré.

Poser des nichoirs pour les chauve-souris peut se révéler utile dans les villes dont les constructions n’offrent plus beaucoup de refuges naturels.

Les hirondelles apprécient également qu’on leur ménage des lieux où elles pourront accrocher leur nid. La ville de Lille a oeuvré dans ce sens.

La nature peut aussi reprendre ses droits autour des bâtiments industriels, artisanaux et commerciaux. Une ancienne surface industrielle, une friche, peut devenir une prairie naturelle où on retrouvera très vite des plantes indigènes et dont l’entretien et le débroussaillage seront confiés à des brouteurs experts comme les lamas qui feront le bonheur des habitants.

LA PEDAGOGIE AUPRES DE LA POPULATION, EFFICACE ET DURABLE !

Ces nouvelles pratiques dans nos villes demandent à éduquer, informer et sensibiliser les habitants et à concevoir des actions pédagogiques. (La mairie de Montreuil en Seine St Denis reçoit régulièrement des appels concernant le mauvais entretien du pied des arbres où il a été décidé de laisser pousser naturellement pissenlits et autres « mauvaises herbes »…)

Un jardin dans les écoles chaque fois que c’est possible, la transformation d’un espace urbain , en refuge de biodiversité, autogéré par les habitants qui auront participé à son élaboration sont des moyens simples qui permettent aux citoyens jeunes et moins jeunes d’intégrer dans leur vie quotidienne les bienfaits de la protection de la biodiversité en milieu urbain et par là-même le respect de la nature en général.

L’information auprès de la population suscite beaucoup d’intérêt, elle reste dans les mémoires et se partage, elle favorise de façon durable un meilleur comportement envers la nature.

Les visites de groupes réalisées dans le quartier de La Défense sont un étonnement pour les parisiens qui y découvrent la biodiversité présente. Elles prouvent que la ville peut être un conservatoire de la biodiversité locale qui ne demande qu’un coup de pouce supplémentaire pour gagner en terrain.

ARBRES EN VILLE, MURS OU TOITS VEGETALISES POUR LE BIEN ETRE DE L’HOMME

Si les arbres en ville procurent à la faune sauvage des abris précieux, ils ont bien d’autres qualités. En effet, ils capturent le dioxyde de carbone et renouvellent notre apport d’oxygène quotidiennement. Un arbre en bonne santé est un véritable filtre à air, il peut capter 7000 particules en suspension par litre d’air ( poussière , pollution, pollens ).

Les arbres abaissent la température de l’air en faisant évaporer l’eau contenue dans leurs feuilles. L’ombre qu’ils projettent sur une façade d’immeuble permet d’abaisser de 20 degrés la température de cette façade et donc de « climatiser » l’immeuble, côté rue.

Végétaliser des murs, des toits, permet la formation de petits écosystèmes, c’est une solution pour répondre au manque d’espace disponible en ville. Un mur végétalisé est un véritable régulateur thermique, il permet des économies d’énergie substantielles pour les habitants.

Biodiversité urbaineDES SOLS QUI RESPIRENT POUR UNE MEILLEURE GESTION DES EAUX

L’imperméabilisation des sols en milieu urbain (voieries, parkings, constructions, zones d’activités …) a des conséquences importantes sur la gestion des eaux de pluie.

L’alternative est de créer des zones perméables rendant aux sols une grande partie de leurs fonctions d’origine comme l’infiltration, la filtration et l’oxygénation. Il existe aujourd’hui des matériaux comme les enrobés poreux et les pavés bitumeux poreux qui le permettent. On peut aussi réaliser des noues, des fossés collecteurs, des mares, autant de solutions qui finissent par former un réseau propre à servir aussi de refuge ou de relais à de nombreuses espèces animales et florales adaptées qui sauront recréer très vite un écosystème riche sans intervention de l’homme.

On peut prévoir de couvrir une allée ou un parking de dalles engazonnées et de passe-pieds en dalles pavées. Sur ces surfaces devenues perméables, une végétation spécifique s’installe naturellement et accueille une microfaune d’insectes, d’escargots, et d’araignées.

Pour la réalisation de voies vertes (piétons, cyclistes, rollers, sportifs, personnes à mobilité réduite) il existe de nombreuses possibilités de revêtements perméables comme le bois, les sables compactés, les graviers choisis en fonction de l’usage et du lieu pour une bonne intégration dans l’environnement traversé.

Voie verteLa voie verte de 15 kms qui ceinture la ville de Loos en Gohelle est clairement identifiée par un sable clair de Marquise.

Retrouver une perméabilité des sols permet aux eaux de pluies de s’infiltrer et ne pas gonfler le réseau d’assainissement. De plus, les eaux tombées directement sur les zones perméables ne ruissellent pas et ne se chargent pas en polluants.

Plus humides, ces surfaces créent un ilot thermique (évapotranspiration) qui améliore le confort urbain.

L’écoulement doux permet au système végétal et au sol traversé de dépolluer en partie les eaux de ruissellement avant leur arrivée aux rivières et aux nappes souterraines.

Ainsi, des fossés ouverts, peu profonds, en pentes douces et d’emprise large (les noues) servent à la rétention et/ou l’infiltration des eaux pluviales. Elles ont une vocation paysagère forte, avec

la possibilité d’être végétalisées par des espèces comme les joncs et les iris jaunes, les roseaux qui absorbent ou dégradent les pollutions. Comme les mares, elles accueillent des amphibiens, des papillons.

LA BIODIVERSITE EN VILLE, UN ATOUT MAJEUR POUR LES CITADINS

On le voit, il existe de nombreux arguments en faveur du développement des surfaces végétales dans la ville. Espaces verts, mais aussi toits et murs végétalisés, trames vertes et corridors écologiques sont autant de réalisations qui apportent un grand bénéfice au citadins, pas seulement au niveau de la biodiversité dont la ville peut être le conservatoire, mais aussi pour une meilleure gestion du cycle de l’eau et une régulation thermique améliorée. (On estime aujourd’hui que dans une ville moyenne, même avec moins de 10% de toitures végétalisées la température extérieure est abaissée de 1.5 °c) La gestion différenciée des espaces verts permet aux espèces animales et végétales d’augmenter en nombre et en diversité et offre aux citadins une qualité de vie reconnue, un certain bonheur à renouer avec des espaces naturels.