Lettre ouverte au Président de la Communauté Urbaine d’Arras et à la Vice-présidente mobilités-transports

Monsieur le Président de la Communauté Urbaine d’Arras Frédéric Leturque,

Madame la Vice-présidente Françoise Rossignol, 

Vous avez lancé une enquête de mobilité pour mieux connaître les habitudes des habitant.e.s de la Communauté Urbaine d’Arras.

Les transports recouvrent des enjeux d’attractivité et d’aménagement du territoire, de qualité de vie, d’accès de toutes et tous à une mobilité pour la vie quotidienne, le travail, les études ou les loisirs et de lutte contre le réchauffement climatique.

Le transport est le seul secteur en France dont les émissions de gaz à effet de serre n’ont pas diminué.

Nous espérons donc que cette étude sur la mobilité dans le territoire sera l’occasion d’une révolution au profit de la mobilité durable, de la justice sociale et de la cohésion territoriale.

Pour atteindre ces objectifs, les transports en commun sont une composante indispensable.

Stimuler l’usage des transports en commun, c’est réduire la pollution atmosphérique, limiter l’usage de la voiture individuelle dans l’agglomération et préparer notre territoire au changement climatique.

De plus, le passage à la gratuité totale du réseau de transports de la Communauté urbaine de Dunkerque ou encore de celui de la Métropole de Montpellier ont relancé le débat de la gratuité des transports publics.

Le transport représente un coût important pour les habitant.e.s, l’accès gratuit aux transports en commun, c’est  aussi soulager leur budget.

Le Gouvernement français réfléchit également à la mise en place d’un pass rail et une initiative a également été prise par l’eurodéputée Karima Delli pour permettre un accès illimité à l’ensemble du réseau de transports publics français hors TGV.

Nous souhaitons que notre territoire se saisisse de ces débats sur la mobilité durable, l’intermodalité des transports, leur accès facilité et gratuit et les conditions de la mise œuvre de cette gratuité.

En effet, si la gratuité intègre des mesures de contrainte de l’usage de la voiture individuelle en ville et d’amélioration qualitative et quantitative de l’offre de transport public, alors on peut espérer un impact très significatif sur la baisse des émissions de gaz à effet de serre, des nuisances sonores et des particules fines ; la qualité de vie de toutes et tous s’en trouvera fortement améliorée. 

Il n’est pas envisageable de parler de mobilité durable sans se souvenir que les transports représentent 30% des émissions de gaz à effet de serre et que la voiture y contribue pour plus de la moitié.

Offrir davantage de possibilités de transports en commun aux habitant.e.s, répondre à leurs besoins en termes d’horaires et de ponctualité, de fréquence de passage et de report modal, c’est permettre les conditions d’un changement d’habitudes du plus grand nombre. Cela nécessitera de libérer le réseau de transport collectif de la circulation individuelle, d’adapter les différentes lignes et arrêts aux activités des habitant.e.s, en particulier aux lieux d’activité professionnelle, de faciliter les transitions avec les modes de transports décarbonés, aussi bien dans nos villages que dans nos quartiers.

Il s’agit aussi de permettre à terme un accès libre et gratuit aux transports en commun. Cet accès gratuit aux transports ne peut se faire qu’en envisageant une stratégie systémique, en prenant en compte le court et le long terme, car le problème est complexe et ne saurait se réduire forcément à une simple gratuité immédiate. La mise en place de la gratuité doit être articulée avec un réseau de transports publics couvrant tout le territoire, à une fréquence adaptée, sur une large amplitude horaire et accessible aux personnes à mobilité réduite.  Tout cela doit évidemment être pensé dans le cadre du plan climat territorial qui engage le Grand Arras à atteindre les objectifs fixés par l’accord de Paris.

Afin de rendre plus facile et attrayant l’accès aux services et aux commerces, notamment pour les populations les plus fragiles, la gratuité totale peut être envisagée de manière immédiate pour les personnes bénéficiant actuellement de la tarification solidaire ainsi qu’à tous les jeunes de moins de 26 ans. 

Elle pourrait également être mise en place dans un délai très court le week-end afin de renforcer la fréquentation du réseau de bus. 

Cette progressivité de l’accès gratuit devra à terme viser la gratuité universelle, cette universalité aura des effets positifs pour toutes et tous.

Cette politique ambitieuse aura bien évidemment un coût pour la collectivité. Cela nécessitera un effort certain, mais compte-tenu des enjeux en termes de santé, d’environnement, de service offert et de bien-être, elle ne peut se résumer sérieusement à un simple coût. Ce projet doit être considéré d’abord comme un investissement d’avenir, porteur d’habitudes nouvelles de mobilité. Le « versement mobilité » des entreprises d’au moins 11 salariés devra être augmenté. 

La réflexion devra également prendre en compte l’actualité du pass rail intermodal.

Nous souhaitons aussi que les élu.e.s du territoire portent au débat national la question du financement public total de la mobilité durable pour toutes et tous car il ne sera pas possible de décarboner les transports à la hauteur nécessaire sans changer de paradigme.

Le débat doit avoir lieu, nous y voyons une formidable occasion de casser des préjugés et d’éclairer les choix pour que les habitant.e.s de notre communauté urbaine s’impliquent dans les politiques qui organisent les transitions.

Nous vous prions de croire, Monsieur le Président, Madame la Vice-présidente, en l’assurance de notre considération très distinguée.

Antoine Détourné, conseiller communautaire Communauté Urbaine d’Arras 

Alexandre Cousin, conseiller régional Hauts-de-France

Adrien Haussaire et Nadège le Gentil, Les Ecologistes-EELV Artois