Les Verts arrageois n’aiment pas le… «Massacre à la tronçonneuse»
PUBLIÉ LE 23/02/2013 – MIS À JOUR LE 23/02/2013 À 18:35
Par MARCO VERRIEST (texte) et PASCAL BONNIERE (photos)
Remontés comme des coucous, les porte-drapeaux locaux d’Europe Écologie – Les Verts, qui, dans un courrier et sur le terrain, tempêtent contre «la nouvelle croisade de la municipalité.» Visant quoi? L’emploi, la santé, la circulation, l’insécurité, le stationnement (un peu)? Non… Les arbres pardi! Explication: «Tous les motifs sont bons pour l’abattre: maladie, cause de la destruction du macadam, trop gros, trop haut, trop de place sur les parkings…»
Et d’énumérer à Arras « les stigmates laissés par la bataille menée contre les feuillus. L’arbre est victime d’une offensive un peu partout dans la ville. Hier, le boulevard de Strasbourg qui, même après plusieurs mois, semble toujours aussi dénudé. Il y a un mois c’était un vieil arbre dans le quartier de la préfecture, que la mobilisation des riverains n’a pu sauver. Dernièrement, rues Colin et Breton, une trentaine d’arbres ont été abattus en une journée ». Vingt-neuf pour être précis, expliquait, hier, Suzy Lesniewski, conseillère municipale Europe Écologie – Les Verts.
Des platanes menacés place d’Ipswich
Et… « Demain, c’est la place d’Ipswich qui est censée subir la fièvre coupeuse, avec pas loin de huit arbres sur la sellette ». Profitant de la fréquentation liée au frisquet marché, les Verts (qui n’avaient pas loin à aller puisque leur local est situé rue de Justice, à l’ombre des platanes menacés) ont même invité les passants, samedi matin, à signer une pétition, plan des futures modifications à la main. Des affiches avaient été attachées à même l’écorce pour sensibiliser les habitants à la sauvegarde des arbres avant… que ça ne sente le sapin.
Autre regret, pour les élus et sympathisants verts : « Ces travaux ne passent pas en conseils municipaux, car ce sont des travaux de réaménagement », expliquent les cosignataires du courrier que sont les conseillères municipales d’Europe Écologie – Les Verts, la responsable du groupe local, Sylvie Leclercq et… la députée européenne, Hélène Flautre, qui a délaissé ses dossiers turcs pour se pencher sur le sort des arbres arrageois en apposant sa griffe sur la missive à défaut d’être sur (la) place.
Une « feuille » de route annoncée… vendredi ?
Tiens, tiens, un changement de… « feuille » de route ? À moins que la députée européenne, qui devrait laisser son fauteuil bruxelllois après trois mandats, ne cherche un nouveau… « bouleau » ! Ne murmure-t-on pas qu’on verrait bien Hélène Flautre s’impliquer plus voire, pourquoi pas, être à la cime d’une liste de gauche aux municipales en 2014 ? Comme en 2001, où après avoir fait misère aux socialistes au premier tour des municipales, elle avait apporté ses 8 % et des poussières à Gérard Barbier (35 %) pour tenter de déraciner Jean-Marie Vanlerenberghe de l’hôtel de ville. Peine perdue, la campagne était un peu pliée : le maire centriste avait gardé son fauteuil avec près de 56 %.
Pas de quoi décourager pour autant des troupes qui reverdissent quand c’est la saison des échéances électorales. Notamment à un an du rendez-vous de mars 2014. Et Europe Écologie – Les Verts, qui se dit qu’il est peut-être plus que temps d’inciter la rose locale à se refaire le bourgeon, pourrait annoncer la couleur dès ce vendredi 1er mars quant à sa stratégie de campagne à la ville. À suivre…
« Réaménagement n’est pas déboisement »
Mais, être ou ne pas être (comme dirait l’arbre) et comme il faut bien se raccrocher aux branches arrageoises, la belle affaire que cette attaque sur les feuillus pour mettre des chaînes à ce projet tronçonnique : « Il faut arrêter ce massacre, et cesser de faire rimer réaménagement avec déboisement et minéralisation de l’espace urbain. Les petits arbres qui sont replantés ne remplacent pas les arbres coupés, ne jouent pas les mêmes rôles. »
Et d’ajouter un couplet poético-écolo non dénué de bon sens : « Les arbres en ville favorisent l’infiltration des eaux et évitent les ruissellements et inondations, purifient l’air, sont des abris pour la biodiversité, la petite faune, les insectes, les oiseaux. Ils sont une des clefs pour agir contre le réchauffement climatique, atténuent les pollutions sonores (…) Ce sont des touches de couleur et de verdure dans nos quartiers. »
De fait : « La majorité doit abandonner les coupes d’arbres prévues place d’Ipswich, pour gagner deux places de parking. Aménager n’est pas aseptiser, ni faire table rase. Arras doit s’inspirer de politiques municipales mises en place dans des villes où il existe des chartes de protection des arbres et de reboisement, avec des essences variées, locales, propices à la protection de la biodiversité. »
Presque un hymne. Allez… Aux arbres citoyens.