Tribune publiée sur Rue89
La journée nationale de lutte contre le cancer vient nous rappeler l’urgence d’une révolution sanitaire. 350 000 nouveaux cas de cancers sont détectés chaque année et leur nombre ne cesse d’augmenter (selon les estimations de l’Institut national de veille sanitaire).
A ce jour, le cancer constitue l’une des premières causes de mortalité en France. C’est en même temps un facteur majeur des inégalités sociales de santé : les statistiques de mortalité par cancer sont le reflet d’inégalités sociales toujours plus fortes.
Cancer et dégradation de l’environnement
Comme pour une grande part des maladies chroniques, cette explosion du nombre de malades est liée à la dégradation de notre environnement et de nos conditions de vie.
L’exemple des agriculteurs est édifiant : bénéficiant de conditions de vie traditionnellement plus saines que la population générale, leur mortalité par cancer est plus faible ; mais elle est plus forte pour les tumeurs de certains organes, cibles des produits cancérogènes contenus dans les pesticides : prostate, cerveau, sang…
Le doute n’est donc plus de mise, maintenant, il faut agir ! Aujourd’hui, l’essentiel de nos ressources dans la lutte contre le cancer est dédié à la mise au point de traitements contre le cancer toujours plus puissants et toujours plus chers. Trop peu d’actions sont menées pour prévenir et agir sur les causes réelles de la maladie.
Pire : le registre des malformations congénitales en Rhône-Alpes, essentiel pour identifier l’impact des pollutions, est dans l’obligation de mettre la clé sous la porte ! Nous, écologistes, souhaitons au contraire investir dans la prévention et l’éducation à la santé.
2,4 millions de salariés exposés
2,4 millions de salariés sont exposés régulièrement à des substances cancérogènes sur leur lieu de travail. Pourtant, après l’affaire de l’amiante, la réglementation a évolué nettement en faveur de la protection des salariés. Mais toutes les campagnes de contrôle démontrent qu’elle est peu ou mal appliquée : les expositions professionnelles d’aujourd’hui font les cancers de demain.
Proposer comme je le fais une vraie politique pénale du travail et d’aide aux entreprises, renforcer les moyens de l’Inspection du travail ou ceux de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail, c’est aussi lutter contre le cancer.
Redonner aux salariés le droit à la parole sur leurs contions de travail, en leur accordant 50% des sièges dans les conseils d’administration, c’est aussi œuvrer pour l’amélioration de la santé.
De la même façon, je souhaite interdire des perturbateurs endocriniens reconnus comme des facteurs aggravants pour bon nombre de pathologies et pour l’accès le plus large possible à une alimentation équilibrée et de qualité. Sortie des pesticides sur une génération, 100% de bio dans les cantines des crèches et maternelles de nos enfants, …
Education à la santé pour les plus fragiles
Toutes ces propositions contribueraient à diminuer les risques de cancer et, plus globalement, du développement de nombreuses pathologies chroniques, comme le diabète ou les maladies cardio-vasculaires.
Il est temps enfin de soutenir fortement l’éducation à la santé, notamment pour les plus vulnérables et les plus fragiles. Il est anormal qu’un tiers des femmes de plus de 40 ans appartenant à des ménages modestes n’aient jamais effectués de mammographie proposée pourtant gratuitement !
Chacune et chacun doit pouvoir disposer des informations nécessaires à la prise en charge de sa propre santé. Agissant sur les inégalités sociales et sexuées de santé, ce travail doit s’effectuer dès le plus jeune âge, et implique notamment un renforcement de la médecine scolaire.
La fin d’un modèle productiviste
La lutte contre le cancer appelle de nouveaux moyens et une nouvelle vision de la santé et, plus généralement, de notre manière de vivre. Le projet écologiste que je porte marque la fin d’un modèle productiviste dont les conséquences sur la santé de chacun d’entre nous sont désastreuses.
Le projet que je défends, c’est celui qui offre à chacun toutes les chances d’être le plus longtemps possible en bonne santé. C’est tout l’enjeu de cette société du « mieux vivre » à laquelle nous aspirons.