Pour sortir de la crise – La transition énergétique

Restitution des propos d’Yves Cochet, député européen.
Retranscription par C. Sergeant

22 Mars 2012 – Atria – Arras

Les énergies consommées en France sont comparables à celles consommées dans le monde. Pour 84 % ce sont des énergies fossiles qu’on extrait du sous-sol : le gaz  (24%), le pétrole (36%), le charbon (24%). Sur les 16% restant, 10% représentent les énergies renouvelables (hydrauliques, le bois sauf celui dont on dispose gratuitement qui n’est pas pris en compte, puis le solaire, l’éolien…) les 6% restant concernent le nucléaire. Il faut s’intéresser aux usages terminaux de cette consommation. Chacun a besoin de se chauffer, se nourrir, se transporter, s’éclairer, et faire fonctionner quelques éléments motorisés tels que machine à laver, sèche cheveux, ordinateur… chacun peut choisir en amont l’énergie dont il a besoin chez lui.

Europe-Ecologie-les-Verts a adopté un modèle en 3 parties en vue de faire disparaître le plus rapidement possible à la fois le nucléaire et les fossiles.

1 La stratégie de SOBRIÉTÉ ÉNERGÉTIQUE

2 La stratégie d’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE (ne pas confondre)

3 Les ÉNERGIES RENOUVELABLES

C’est ce modèle en 3 points à l’horizon 2050, avec ni pétrole, ni charbon, ni gaz, ni nucléaire que nous défendons.

Dans le prochain quinquennat, comment amorcer cette transition énergétique ?

Il y a 3 ans environ, l’Europe a choisi pour 2020 un triple objectif : le 3 x 20 en 2020

-20% d’émission de CO² à effet de serre pour l’UE (nous croyons possible pour la France d’atteindre -30% )

Rappelons ici que le réchauffement climatique est un problème grave réel qui amènera, outre des évènements climatiques extrêmes de types météorologiques, des phénomènes déjà observables qui peuvent d’un coup s’accélérer, par exemple le dégazage des fontaines de méthane sous le plateau arctique (dépôts d’hydrate de méthane issu de la décomposition anaérobie de la matière organique, piégés sous le pergélisol sous-marin arctique). Brûler le carbone produit des émissions de gaz à effet de serre (quantifiées par le GIEC) or ce carbone qu’on extrait de la terre s’est formé il y a quelques centaines de millions d’années. On est donc sur un stock NON RENOUVELABLE à l’échelle humaine.

20 % d’efficacité énergétique : l’habitat et les transports sont ici les deux cibles.

L’HABITAT, c’est l’aspect le plus intéressant du grenelle de l’environnement. Par la rénovation thermique des logements (et en premier lieu pour pallier à la précarisation énergétique de plus en plus grande des plus modestes qui ont un chauffage électrique). Nous pensons qu’à l’horizon 2020, grâce à un programme considérable de rénovation des bâtiments sociaux et publics, ce sont des économies d’énergie mais aussi des économies de budget appréciables que nous pouvons offrir, et également 400.000 emplois créés pour aboutir ce programme.

20 ans pour SORTIR DU NUCLÉAIRE , grâce à une politique réaliste et volontariste. C’est un programme immense. La consommation électrique de la France pour une année est de : 450 TWh ( 1 Téra Wh = 1 milliards de kWh ). On distingue 3 grands secteurs pour 1/3 de consommation chacun : l’industrie (inclus : sidérurgie et agriculture), l’habitat et le tertiaire.

Il apparaît fort utile de choisir une source d’énergie adaptée en fonction des besoins car il existe des aberrations. En effet, on chauffe parfois de l’eau pour produire de l’électricité. Ainsi, le réacteur d’une centrale nucléaire qui produit 900 MW d’électricité a besoin d’une puissance thermique 3 fois plus importante car il faut d’abord chauffer l’eau pour mettre en pression la vapeur qui, elle, permettra la production électrique. En fait, le réacteur chauffe l’atmosphère. De plus, pour le chauffage électrique cette électricité produite sera transformée à nouveau en chaleur ! Or, on sait chauffer nos maisons autrement.

L‘INDUSTRIE : les moteurs sont les principaux demandeurs d’énergie (compression, ventilation, élévation) on trouve ensuite le chaud, le froid et l’éclairage. On considère qu’un plan d’amélioration des moteurs sur 20 à 23 ans pour gagner en efficacité énergétique contribuera à faire baisser de 40% la consommation électrique dans ce secteur, soit 60 TWh.

L’HABITAT : la consommation électrique va vers les machines à laver, lave-vaisselle, les plaques électriques, réfrigérateur et congélateur , l’éclairage, la Hi-fi, les ordinateurs, le petit électroménager par exemple et éventuellement les radiateurs électriques. Tout ceci représente 1/3 de notre consommation globale annuelle, il faut là apprendre la sobriété dont les différentes attitudes sont détaillées dans le programme d’Eva Joly. C’est le chaud et le froid qui, dans l’habitat sont les 2 postes les plus gourmands en énergie. Pour le chaud on peut éviter l’électricité, pour le froid c’est plus difficile et c’est 24h/24h tous les jours de l’année.

Le TERTIAIRE : ce sont des machines, de l’informatique, de la bureautique, de l’éclairage, du froid. Pour l’éclairage, comme dans l’habitat, préférer les leds à ton chaud par exemple. Pour une même puissance en Lumen, c’est 100 fois moins d’énergie qu’une ampoule à incandescence.

Pour les 3 secteurs on peut arriver à 50 % d’économie d’énergie à l’horizon de 2033/2035. Ainsi sur les 450 TWh de départ, on arrive à 220/230 TWh dans 20 à 25 ans, sans trop perdre en qualité de vie, en étant simplement plus sérieux avec la planète et plus tranquille avec son porte-monnaie.

LES ÉNERGIES RENOUVELABLES.

L’hydro-électricité : c’est 65 TWh produits par des barrages très rentables auxquels on peut ajouter 5 TWh produits par la micro-hydraulique (petits barrages « au fil de l’eau » qui posent parfois des problème pour les poissons).

Les éoliennes : surtout Offshore, elles permettront d’ici à 2033/2035 de produire 100 TWh à condition bien sûr d’avoir au cours du prochain quinquennat l’ ambition réelle d’une planification de la progression des énergies renouvelables.

Le solaire : dans 20 à 22 ans on peut avoir 30 TWh par le photovoltaïque qui apporte une transformation directe du solaire à l’électricité.

Le bois : c’est une source intéressante pour le chauffage collectif ou individuel par chaudière en réseau urbain et périurbain. On peut faire de la cogénération et obtenir ainsi à la fois du chauffage et de l’électricité ( 20 TWH).

 

A tout cela on peut ajouter 10 à 20 TWh par la géothermie profonde ( récupération de la chaleur de la terre. A 4000 mètres par exemple on est à 200°). Cette technique est possible dans le Rhodanien, le Massif central et l’Alsace par exemple, elle permet de chauffer de l’eau distribuée dans les habitats.

 

On arrive donc avec les énergies renouvelables à 230 TWh environ qui viennent compléter la production d’énergie nécessaire dans l’année. On a rattrapé nos 450 TWh.

 

ON PEUT SORTIR DU NUCLEAIRE ET DES FOSSILES GRACE A UNE SOBRIETE ENERGETIQUE COMBINEE A UNE MEILLEURE EFFICACITE ENERGETIQUE ET PAR LES ENERGIES RENOUVELABLES en 2032/2035.