À peine sorti des drames de Montauban et Toulouse, Nicolas Sarkozy a annoncé un renforcement de l’arsenal pénal contre l’extrémisme idéologique et le terrorisme. À sa suite, François Fillon appelle ce jour au consensus national pour faire appliquer ces mesures avant l’élection présidentielle.
Dans la précipitation, le gouvernement propose des fausses solutions. L’émotion ne peut tenir lieu de politique antiterroriste. Mentir aux Français à des fins électorales n’est pas digne de l’enjeu qui nous attend.
Chacun sait pourtant que la France est d’ores et déjà dotée d’un arsenal législatif conséquent en matière de lutte contre le terrorisme : il faut appliquer les lois existantes pour défendre la démocratie, au lieu de proposer des lois d’exception qui menaceraient l’État de droit.
En effet, s’agissant par exemple d’Internet, la mesure proposée ne repose sur aucun fondement juridique, car il est impossible de définir juridiquement « la consultation habituelle » d’un site sans établir une surveillance préalable des internautes, ce qui constituerait une véritable atteinte aux libertés publiques.
On ne saurait céder à la tentation de la surveillance généralisée, parce que les libertés publiques de l’ensemble de la population ne doivent pas être mises sous le boisseau au motif de la lutte antiterroriste.
Les propositions de Nicolas Sarkozy ne résistent donc pas à l’examen. De telles mesures, inefficaces et liberticides, donneraient raison aux terroristes qui rêvent d’imposer leur imaginaire à la République.
Notre force doit au contraire résider dans notre capacité à respecter plus que jamais l’État de droit.
Eva Joly, candidate écologiste à l’élection présidentielle