Réponse d’Eva Joly aux journaux « Spécial Auto » et « L’automobile et l’entreprise »

Madame, Monsieur,

L’automobile constitue, à n’en pas douter, le mode de déplacement privilégié de la plupart de nos concitoyens. Pour autant, différentes enquêtes, études et comptages montrent bien que ceci résulte souvent d’un choix que d’une contrainte pour un certain nombre de déplacements de courte, moyenne ou longue distance, récurrents ou plus occasionnels. A la souplesse indéniable que constitue souvent l’utilisation de la voiture en solo, il convient de confronter ses impacts sur le budget des ménages, sur l’occupation de l’espace public, sur les encombrements, les pollutions diverses, la santé, les émissions de gaz à effet de serre (principal émetteur) et la raréfaction progressive des énergies fossiles.

La place de l’automobile dans l’économie – donc l’emploi – des pays industrialisés, de la France en particulier, mérite également une attention toute particulière.

La politique que je propose de mettre en œuvre répond ainsi tant aux impératifs environnementaux (cf. contentieux européen sur les émissions d’oxydes d’azote et de particules fines) que sociaux et économiques : accès à l’emploi, maintien de filières industrielles …

Il s’agit pour moi de réorienter progressivement une bonne part des déplacements individuels motorisés vers des modes moins consommateurs d’énergie, accessibles à tous, plus sécuritaires et respectueux de l‘environnement, aux premiers rangs desquels :

  • la marche à pied, notamment par la réappropriation de l’espace public
  • le vélo (la moitié des déplacements, tous modes confondus, fait moins de 3 km)
  • les transports collectifs, urbains et interurbains
  • le mode ferroviaire, tant pour les voyageurs que pour les marchandises
  • le mode fluvial.

Pour y parvenir, différents moyens sont à disposition, dont je m’engage à amplifier le développement :

  • la généralisation des plans de déplacements urbains, des plans de déplacements d’entreprises ou d’administration, des systèmes de covoiturage et autres outils d’aide en faveur de l’écomobilité : parcs à vélos sécurisés …
  • le rééquilibrage des coûts d’utilisation en faveur des modes les moins polluants (révision des barèmes de remboursement kilométrique, des taxes sur le carburant, y compris aérien)
  • la reconversion d’une partie de l’industrie automobile française vers la construction de véhicules performants de transport collectif, de véhicules électriques ou hybrides pour des flottes dédiées (entreprises …).

L’évolution des comportements passe avant tout par l’existence d’offres de transport alternatives, leur compétitivité économique, mais aussi par d’importantes campagnes de communication en faveur des modes doux, de comportements plus civiques au volant : de nombreux exemples en France et l’Etranger sont là pour nous le rappeler.

Dans une période transitoire au moins, le maintien d’actions raisonnées de répression m’apparaît comme le corollaire indispensable d’une politique de sensibilisation et d’incitations. Ce n’est pas tant le « chiffre » du nombre ou du montant des PV qui importe (l’idéal serait qu’il soit nul !), mais bien la réduction du nombre et de la gravité des accidents auxquels le risque de PV – par des fonctionnaires de police -, donne lieu qui compte.

De même, je suis favorable à un rapprochement des vitesses limites autorisées sur routes et autoroutes ce qui se pratique chez la plupart de nos voisins européens, soit en général 120 km/h sur autoroutes et 90 km/h maxi sur les voies structurantes d’agglomération.

Je ne suis pas favorable au maintien des aides en faveur des agrocarburants, tant que ceux-ci sont majoritairement de première génération, c’est-à-dire incorporent des végétaux à usage nutritionnel. J’émets également quelques réserves sur une modulation de la taxe sur les carburants (ex-TIPP) de type « flottante ». Si elle n’est pas suffisamment encadrée, je crains qu’elle contribue à masquer, forcément de manière temporaire, la hausse inéluctable du prix des carburants. Et que donc elle retarde les indispensables changements d’usage de la voiture individuelle : plus dure sera la chute.

Eva JOLY

Candidate à l’élection présidentielle 2012