Deux journées marathon en Grèce pour défendre le modèle social inventé en Europe
C’est en voyant les images des manifestations du dimanche 12 février, qu’Eva Joly a décidé d’aller à Athènes pour apporter aux Grecs sa solidarité d’européenne et leur dire qu’« il y a une autre Europe possible que celle de Merkel et Sarkozy, d’autres mesures que celles imposées par la ‘troïka’, les représentants du Fonds monétaire international, de la Banque centrale européenne et de la Commission européenne ».
D’entrée de jeu, l’ambiance est donnée, la délégation passe devant le Parlement au moment même où une manifestation de jeunes contre l’austérité est coursée par la police, avant de rejoindre la conférence de presse avec le nouveau député européen d’EELV, Nikos Chrysogelos. Eva propose des solutions de coopération européenne : que la France abandonne les contrats de vente d’armement signés avec Athènes, que la Grèce obtienne de la Troïka le droit de couper dans ses dépenses militaires (six milliards d’euros soit 4 points du PIB) plutôt que dans les retraites, que la Suisse « fournisse les listes des citoyens grecs qui possèdent des comptes dans le pays ».
Eva Joly a également souhaité que la Grèce, « beaucoup trop complaisante avec les riches », fasse payer des impôts aux plus gros patrimoines en s’appuyant sur « les signes extérieurs de richesse ». Elle lance un appel aux procureurs grecs « courageux » pour « qu’ils lancent de vraies enquêtes sur la corruption » pour inaugurer un véritable changement politique avant de rencontrer le représentant International Transparency-Greece qui abonde dans son sens.
Mais le programme n’était pas suffisamment dense. Si le peuple grec ne doit pas supporter toute l’austérité, il doit l’exprimer haut et fort, comme ceux qui occupent une agence spécialisée dans le logement social dont les fonds salariaux ont été siphonné et les programmes annulés. Eva décide de passer leur apporter son soutien dans l’après midi avant de rencontrer l’ex ministre du travail Katseli membre du Pasok socialiste qui a refusé de voter le troisième plan d’austérité.
Face à cette Europe « uniquement comptable », notre candidate proclame son « rêve d’un nouveau traité construit sur la solidarité, signé à Athènes comme symbole d’une solidarité nouvelle, car c’est le berceau de notre culture et de notre démocratie ». Devant les militants écologistes grecs, notre ami Costas Diakos conseiller régional d’Attique que nous avions déjà rencontré au moment du forum social européen à Athènes, qui lui ont organisé une réunion publique en présence d’une représentante de l’ONG Labor Institute et d’un représentant de la confédération syndicale des fonctionnaires.
Et la journée n’est pas finie ! Elle se termine en apothéose avec Manolis Glezos, le résistant qui a décroché le drapeau nazi de l’Acropole en 1941, celui qui, avec Mikis Theorakis, a appelé les Grecs à manifester en famille ce dimanche soir comme dimanche dernier. L’homme de 89 ans a conservé toute sa fougue, veut une démocratie exigeante et une solidarité consciente des dettes historiques pour répondre aux défis que l’Europe vit aujourd’hui.
Matinée du 18 février aussi bien remplie. Après avoir rencontré un leader de la Gauche radicale M.Tsipras qui va s’exprimer en soutien du nouveau traité proposé la veille, Eva rejoint devant l’Ambassade de France une manifestation appelée par l’ADFE, l’association démocratique des français de l’étranger en protestation contre «l’aggravation de la situation économique et ses conséquences sociales en Grèce». « Nous sommes lucides et conscients du fait que la crise n’a pas de frontière et que ce qui arrive ici aujourd’hui est un indicateur de ce qui risque de nous arriver», leur a dit Eva, qui veut que «la France défende une autre politique pour résoudre la crise». «Il faut changer de modèle, la solidarité doit être au centre, l’austérité doit être supportée par tous, pas seulement par les retraités et les salariés… c’est trop facile», a-t-elle ajouté.
C’est ce qu’on demandé les représentants de la coordination pour un audit de la dette grecque, Georges Katrougalos et Michalis Bourgos, qui en appellent au « droit de nécessité » pour privilégier les droits fondamentaux de leurs concitoyens contre les exigences de la spéculation, qui dénoncent des projets pharaoniques de production d’électricité sur le sol grec pour l’unique exportation sans même que l’usage des sols soit rétribué !
Et c’est la dernière accélération pour prendre « au vol » un avion quasiment vide au moment où, à Paris, se tient la manifestation à l’initiative des étudiants grecs.