Hier soir, dans une salle comble au Théâtre du Rond-Point, Eva Joly s’est rendue au meeting co-organisé par la Plateforme des mouvements sociaux pour le logement, l’association Droit Au Logement et la Fondation Copernic.
« Urgence contre le logement cher ! » : c’était le mot d’ordre de la soirée, alors que ce sont presque 10 millions de personnes en France qui sont touchées de près ou de loin par le mal-logement.
La candidate d’Europe Écologie Les Verts à la présidentielle a profité de cette occasion pour rappeler son indignation et sa mobilisation en faveur d’une vraie politique du logement alors que « Nicolas Sarkozy avait promis en 2006, que d’ici à 2 ans, plus personne ne dormirait dehors ».
Mais ces dernières années, le gouvernement est allé plus loin : il a outrageusement privilégié la rente foncière et immobilière. Il a multiplié les cadeaux fiscaux à ceux qui en avaient le moins besoin, les héritiers, les bailleurs, les professionnels de l’immobilier. En Chine, en Espagne ou aux Etats-Unis, la doctrine du « Tous propriétaires », que Nicolas Sarkozy avait prônée en 2007, a échoué. En France aussi, et ce n’est pas le moindre des échecs de ce quinquennat.
Pour Eva Joly, il faut non seulement changer de politique mais aussi construire, inventer et rénover : « sortir de la crise du logement, c’est aussi sortir de la précarité énergétique ». Elle a rappelé qu’il fallait absolument une politique du logement qui régule, puis encadre les loyers alors que leurs prix ont augmenté de plus de 50% en 10 ans.
Notre candidate a pu exprimer le premières propositions de son programme logement pour 2012 :
> Construction de 500 000 logements par an
Pour réaliser 500 000 logements par an, dont 160 000 logements vraiment sociaux, pas des PLS, il faut une impulsion de l’État : un passage du quota minimum de HLM dans la loi SRU de 20 % aujourd’hui à 25 %, et même 30 % en Île-de-France.
> Une nouvelle gouvernance du logement
Construire une nouvelle gouvernance du logement, plus démocratique, plus décentralisée. La plupart des compétences doivent être confiées aux intercommunalités, sans quoi la balkanisation à l’extrême des centres de décisions au niveau des 36 000 communes de France nous mène tout droit à l’éclatement des villes, étalées, ségréguées et inégalitaires. Ce sont les intercommunalités qui pourront planifier l’urbanisation, délivrer les permis de construire là où ils sont nécessaires, et imposer des secteurs de mixité sociale face aux promoteurs, avec des prix de sortie maîtrisés.
> Régulation des loyers
Nous instaurerons un moratoire de trois ans sur les hausses de loyer, pour compenser la hausse des dernières années. Dans les zones les plus tendues, comme Paris, il faudra même baisser les loyers de 20 %. Pour cela, nous alignerons les loyers des premières locations et de relocation sur ceux du voisinage, comme le fait l’Allemagne avec ses « miroirs des loyers ».
> Habitat participatif
Nous prônons le développement d’un secteur à mi chemin entre la location et la propriété privée : l’habitat participatif. En gagnant en 2012, nous ferons voter une loi autorisant et favorisant les coopératives d’habitants, et tous les projets qui dessinent un logement non-spéculatif, une réappropriation de la ville par les habitants, une mise en commun d’espaces comme une laverie, une chambre d’amis, un jardin partagé. La ville de demain est encore embryonnaire, mais elle existe.
> Rénovation
La situation de précarité énergétique est dramatique : 3,5 millions de ménages déclarent avoir froid dans leur logement ! Il faut rénover d’ici 2050 l’ensemble des bâtiments de ce pays, logements comme bureaux. En 2017, 500 000 logements par an devront être rénovés, c’est-à-dire cinq fois plus en rythme annuel qu’aujourd’hui. Les bâtiments publics et les logements des ménages à revenus modestes seront prioritaires, grâce à l’aide de Sociétés publiques de Tiers Financement qui accompagneront la rénovation en anticipant les gains de la réduction des dépenses énergétiques.