Après le deuxième suicide d’un employé de la poste en moins d’une semaine, je tiens à m’associer à la douleur des familles et des collègues auxquels je veux apporter toute ma solidarité. Mais à l’heure où l’on recherche des explications, je veux dire que ces drames témoignent malheureusement d’un problème qui dépasse les cas personnels.
C’est bien le travail et ses conditions d’exercice qui sont clairement responsables de la dégradation profonde de l’état de santé des postiers. L’Inspection du travail ne s’y est pas trompée, puisque, suite au suicide au centre financier de Paris, il y a quelques mois, l’institut a conclu son enquête par une « faute caractérisée » des dirigeants de La Poste, qui n’ont pas évalué les risques psychosociaux induits par les politiques de réorganisation.
La Poste est progressivement passée d’un service public, répondant à un besoin de la population, à une logique marchande dirigée vers la recherche exclusive du profit. Il n’est plus possible d’occulter la dégradation des conditions de travail qu’a engendrée cette évolution pour les salariés.
Alors qu’ils percevaient autrefois la fierté de servir la collectivité, ils sont aujourd’hui désabusés par l’absence de reconnaissance de leur travail tout en étant soumis à une pression considérable.
Déjà au printemps 2010, le syndicat professionnel des médecins de prévention de La Poste décrivait « une situation alarmante » et demandait au président de La Poste « d’engager des actions concrètes pour enrayer ce qui pourrait devenir un processus morbide ».
Le management par le stress n’est pas possible, la recherche effrénée de profits n’est pas tenable. La direction de la poste doit prendre la mesure de la situation et réorganiser sans attendre ce qui doit l’être pour remédier au mal être des salariés.
Au delà de la poste, la question de la souffrance au travail, qui touche des millions de français doit devenir une priorité.
Je propose un plan de lutte contre la souffrance au travail qui de déploie dans trois directions : une meilleure représentation des salariés dans les instances de direction et un plus grand pouvoir aux institutions représentatives du personnel, l’évaluation annuelle des risques psychosociaux liés au travail, et la création d’un service national de la santé au travail doté de moyens conséquents.