Sur les soins de conservation post mortem pour les personnes atteintes du VIH

L’interdiction des soins de conservations post mortem sur les personnes atteintes du VIH issue de l’arrêté du 17 novembre 1998 est non seulement scandaleuse, mais par ailleurs totalement injustifiée.

Scandaleuse, d’une part, parce que l’interdiction des soins de conservation sur le corps de personnes atteintes de VIH est une survivance anachronique d’une ère révolue : celle où les modes de transmission du VIH était méconnus.

Scandaleuse d’autre part parce qu’elle porte atteinte à une exigence fondamentale : celle du droit au respect et à la dignité des personnes décédées, qui sont privées, de manière discriminatoire, d’un accès aux soins de conservation. Cette interdiction laisse ainsi perdurer, jusque dans le cercueil, les discriminations quotidiennes vécues par les personnes atteintes du VIH de leur vivant et contre lesquelles les pouvoirs publics sont incapables d’apporter des réponses cohérentes par manque de volonté politique et de courage.

Scandaleuse, enfin parce qu’elle est une atteinte permanente au respect dû aux familles et aux proches, ces dernières n’étant pas en mesure d’offrir à la personnes décédée une inhumation décente, et devant subir dans l’impuissance et le dénuement le plus total cette interdiction anachronique.

L’abrogation de cette interdiction est une exigence éthique fondamentale.

Dans cette perspective, les pouvoirs publics doivent aménager les conditions d’exercice du métier de thanatopracteur et lever ainsi toutes les objections infondées opposées par le Haut Conseil de la santé publique au maintien de cette règle inique.

À cet égard, il convient de renforcer la formation et les conditions d’exercice de la profession de thanatopracteur afin de lever toutes les objections concernant leur manque de professionnalisme supposé : un simple arrêté permettrait de généraliser le port de masque et de gants, ainsi que la nécessité d’une salle spécialement dédiée à ce type de soins.

L’abrogation de l’interdiction des soins de conservation des personnes décédées du VIH répond à un devoir démocratique : celui d’assurer à toutes et à tous une égalité dans l’accès à une inhumation décente, respectueuse de la dignité de la personne décédée comme de celle des proches du défunt.