La citadelle d’Arras – 4. L’analyse de l’architecte, Philippe Prost

La Citadelle d’Arras est aujourd’hui la seule citadelle de l’œuvre de Vauban en France disponible pour un projet d’envergure, tout simplement parce qu’elle vient d’être quittée par l’armée et que aucun usage aujourd’hui n’y subsiste. Tout est donc à inventer et à écrire.  Le projet peut accueillir toute sorte de programme tout simplement à cause et grâce à la diversité des bâtiments.

Alors évidemment, quand on parcourt l’Arsenal, on est immédiatement saisi par les proportions de sa cour, par son architecture extrêmement élégante. On imagine prendre un café avec des amis dans la cour, on imagine parcourir une galerie où on découvrirait des œuvres  d’Art anciennes ou modernes. On imagine toute sorte d’usage parce que c’est un bâtiment « ville », c’est un bâtiment dans lequel beaucoup d’usages pourraient se côtoyer, sa surface, ses dimensions le permettent. 

Et sans doute, d’ailleurs, pour lui assurer la vie la plus éclatante, c’est une mixité d’usages qui est à rechercher pour un tel bâtiment.

La grande Place de la Citadelle c’est évidemment le pendant de la Place des Héros par exemple, c’est un espace tout à fait exceptionnel qui démontre des qualités urbaines et qui est évidemment un lieu qui attend que la vie revienne pour reprendre toutes ses couleurs.

La Porte Dauphine pourrait devenir le point de départ d’un parcours, d’une découverte de l’ancien espace de glacis, aujourd’hui boisé, véritable réservoir de faune de et de flore à Arras.

Le site général est ici tout à fait unique de par son rapport avec un environnement naturel qui est resté intact et qui est évidemment une source d’équilibre entre la part de la ville et la part de la campagne à la limite du territoire de l’hyper-centre de la communauté urbaine d’Arras, et juste en contact avec la campagne qui s’étend au devant.

Le Hangar à Ballon, de par ses dispositions, son volume, on aurait envie de lui voir retrouver un visage aussi étonnant pour l’esprit que celui d’un hangar à ballon. Et bien, là on est évidemment en attente de projets, des projets les plus fous possibles parce que c’est comme ça que ces bâtiments tout à fait atypiques peuvent revivre pleinement.

La caractéristique de la Halle du gouverneur, c’est sa très grande longueur, plus de 140m c’est quelque chose qui frappe tout de suite l’esprit quand on visite les lieux. 

Avec le rythme de ses charpentes, on imagine, on rêve d’un espace d’exposition, ou d’un espace parcourable, visitable parce que c’est un espace tout à fait exceptionnel. 

Un point de repère : c’est un bâtiment aussi long que le Centre Pompidou, moins haut sans doute, moins peuplés de tuyaux multicolores, mais qui a cet esprit, cette architecture classique très belle, très sobre et avec laquelle évidemment, une intervention contemporaine viendrait sans doute se marier et jouer très agréablement.

Quant à la Porte Royale, c’était autrefois un lieu de contrôle des entrées et sorties de la Citadelle et aujourd’hui, il faut qu’elle trouve un nouveau rôle, celui d’un point de contact entre le centre historique d’Arras et la Citadelle. 

Pour cela, évidemment, on imagine que l’installation peut-être d’un restaurant, d’un café qui offrirait une terrasse naturelle serait quelque chose qui pourrait être de nature à créer ce lieu et à créer ces aller-retour entre la ville et la Citadelle.

Les casernes Schramm présentent une architecture extrêmement régulière, certains vont la trouver austère, en même temps, elle a cette forme de beauté qui réside dans la régularité du rythme de son architecture.  

Les casernes Schramm pourraient sans doute accueillir par exemple un programme d’enseignement ou un programme de tertiaire, car c’est une architecture finalement modulaire et qui peut être redécoupée. On peut dans un même bâtiment abriter différents types d’activités puisque chaque fois, à une trame correspond un système d’escaliers, on a ainsi un bâtiment que l’on peut utiliser soit de manière horizontal, soit de manière verticale.