Quand Laurent Ozon refait surface

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Ce 18 mai 2012, Laurent Ozon a adressé une lettre à un grand nombre de maires de France, les informant de la « création d’un nouveau mouvement politique qui prône le localisme, dont le nom est Maison commune ».

 

Son objectif y est exposé de manière limpide : « Nous visons clairement à faire connaître nos orientations localistes et protectionnistes au plus grand nombre à l’occasion des élections municipales de 2014 en soutenant les candidats qui porteront certaines de nos propositions et en présentant des candidats dans les villes où ça ne sera pas le cas ».
Le monde de Laurent Ozon est simple : d’un côté les gentils, qui acceptent quelques propositions et obtiennent donc sa bienveillance, de l’autre les méchants, qui les refusent et sont donc menacés de listes concurrentes aux municipales.  Une menace qui nous parait bien prétentieuse au vu de l’audience de son mouvement.

 

Néanmoins, cette lettre est un signe, celui de la volonté de Laurent Ozon de relancer le mouvement localiste qu’il tente d’imposer dans le paysage politique français, après son éphémère participation au Front national. Car oui, le parcours politique de Laurent Ozon est pour le moins tourmenté.

Ce chantre de l’écologie profonde version néo-droitière, ancien directeur de la revue Le Recours aux Forêts (1994-2000), a du mal à trouver une chapelle politique qui lui convienne.

Fin 2007, il lançait la constitution d’une liste localiste « Vivre et travailler à Vendôme » (Loir-et-Cher), finalement avortée.

En août 2008, il crée Maison commune (sur twitter), qui n’a donc rien d’un nouveau mouvement politique comme annoncé dans la lettre aux maires de France. Ozon est partisan d’un isolationnisme européen dans un cadre fédéral, Maison commune étant conçu comme un réseau d’influence à finalité politique (d’où la lettre pour influencer les maires). Sur son blog, Laurent Ozon écrit le 17 mai dernier : « Le cœur de son programme est un projet de réorganisation de nos sociétés, de notre économie, de notre modèle social, autour de la relocalisation des activités humaines ».

En octobre 2009, il intervient à la tribune de la Convention identitaire, sur une ligne de relocalisation et de respect des cultures régionales contre « l’impérialisme mondial ».

Entre mars 2009 et février 2010, il participe à plusieurs réunions constitutives d’Europe Écologie sans réussir à imposer sa ligne. Cette participation est assez surprenante car il s’est toujours opposé aux Verts qui défendent le multiculturalisme, étant promoteur d’une vision ethno-différencialiste (cf. Fiche).

 

Le 16 janvier 2011, à l’issu du Congrès de Tours, il est nommé par Marine Le Pen au bureau politique du Front national. Délégué national à la formation, membre de la commission d’investiture et chargé de piloter le CAP (Comité d’Action Présidentielle) Ecologie, il est le symbole de la volonté de Marine Le Pen de verdir son programme et de mettre en avant un « intellectuel » pour crédibiliser le discours et dédiaboliser l’image du parti. On le verra ainsi à l’initiative lors d’une conférence de presse avec Marine Le Pen, le 3 février 2011, sur la sécurité et la souveraineté alimentaires (la vidéo ici).

Mais le 23 juillet, au lendemain des attentats d’Oslo, il écrit sur son twitter : « Expliquer le drame d’Oslo : explosion de l’immigration : [multipliée par six] entre 1970 et 2009. »  Et encore, « Expliquer le drame d’Oslo : de 1970 à 2009, X58 [multiplication par cinquante-huit du nombre d’] immigrés d’origine afro-orientale (…). Vers la guerre civile ? ». Ces propos choquants, rendant les immigrés responsables de la tuerie perpétrée par Anders Breivik, amène une profonde gène jusqu’au Front national. « Laurent Ozon fait fausse route », avait déclaré Mme Le Pen au Monde.

Le 14 août, il annonce, toujours sur twitter, sa démission de toutes ses fonctions au Front national, 7 mois après sa nomination :  « J’ai démissionné hier en soirée de toutes mes fonctions auprès de Marine Le Pen et dans le cadre du FN. Effet immédiat ». A lire, l’article du Blog Droite(s) Extrême(s) du Monde.

 

Après dix mois de mutisme, cette lettre adressée aux maires prouve sa volonté de ne pas en rester là avec la politique. Surtout, on peut penser qu’il a, pendant ces quelques mois, réactivé ses réseaux identitaires un peu froissés par son passage au Front national.

Affaire à suivre donc.