Rencontre le 24 novembre 2012 avec Damien Carême maire, et Roger Dupont, directeur des services technique
Etaient présents côté EELV – Arras : Alexandre, Didier, Hélène, Jésahel et Isabelle, Laure, Nathalie, Serge, Sylvie, Xavier – Villeneuve d’Ascq : Xavier Hardy
Grandes caractéristiques de la commune
A partir des années 1960, la commune a vécu une phase d’expansion très rapide et spectaculaire avec la création de la sidérurgie « sur l’eau » ( Arcelor, aujourd’hui Mittal) et du port minéralier qui la permettait. C’est encore une ressource de TP importante, pour le budget communal.La commune dispose d’un budget similaire en fonctionnement à celui de la ville d’Arras et de deux tiers supérieur en investissement… Et ce pour environ deux fois moins d’habitants (22000 environ).Grâce à ses moyens, la ville a de nombreux équipements grands (sportifs, culturels, etc) ou petits (plus de 80 aires de jeux pour enfants !!!), et poursuit cette politique.
Le nombre d’employés communaux est d’environ 900, (comparaison difficile, en fonction du type de gestion des services), mais à GS c’est possible du fait des moyens financiers.
Très tôt des politiques volontaristes ont été conduites par René Carême (prédécesseur et père du présent maire) : précurseur, très éco-environnementaliste : politique de maîtrise foncière active (création de réserves foncières, qui se valorisent aujourd’hui avec une ceinture verte, un verger pédagogique de 4ha, un plan d’eau…) toujours active, verdissement et qualité de vie (pour une population ouvrière qui a des conditions de travail difficiles).
Par exemple en 1973, au moment de l’élaboration du Schéma directeur de l’agglomération dunkerquoise (SDAU), ont été mis en oeuvre la réhabilitation et la création de cours d’eau (watergangs) afin de réintroduire l’eau dans la ville. A cette époque, il était prévu un doublement de la population, et de nombreuses ZAC étaient projetées. La démarche a été menée avec des équipes pluridisciplinaires (archi, urba, paysagistes, sociologues…) et des ateliers de concertation. La commune comprend grâce à cela 387 ha d’espaces verts sur 2000 ha, soit 127 m2 d’espaces verts par habitant.
Dès 1988 un centre d’initiation à l’environnement a été inauguré, avec des éco-guides.
Il est à signaler qu’en 2010 la ville a été désignée capitale française de la biodiversité (première année que ce label fut décerné).
Mener une rénovation urbaine décidée
Promotion des BBC et bâtiments à énergie positive, priorité aux logements collectifs. Un éco-quartier de 600 logements est en projet. Une forte pression est mise sur les bailleurs sociaux, que le maire considère comme des partenaires de la politique décidée au niveau municipal.
Utiliser les possibilités offertes de densifier l’habitat à travers les disponibilités de l’espace urbain dû aux formes urbaines peu denses de la conception d’origine.
La ville a un taux de logements sociaux très élevé (65%), ce qui réponds de fait à un besoin de la population.
Deux grands projets de rénovation urbaine dans le cadre de l’ANRU, (« ilot des peintres » et Courghain), la densification est nécessaire, on reconstruit plus qu’on ne démolit, en effet il y a 2000 demandes de logements en attente ; à noter qu’il n’y a plus de gros pbs de délinquance dans la ville.
Le projet a permis la recomposition complète du coeur de quartier du Courghain par la création d’une place, vrai lieu de centralité (avec des commerces de pieds d’immeuble, une maison de quartier, toujours de l’eau…).
Transports
Déplacements : le réseau de TC de l’agglo dunkerquoise n’est pas bon, une refonte est en cours. GS est mal desservie, alors que 25% des foyers n’est pas motorisé. Le maire souhaite une liaison rapide type bus haut niveau de service vers Dunkerque (actuellement ½ heure de bus contre 10 min en voiture), et compte mettre en place des navettes électriques de rabattement pour irriguer la ville.
Prochain grand chantier : création de pistes cyclables en site propre, emploi de jeunes en service civique pour pédibus (car parents réticents à prendre la responsabilité), objectif plus de voitures devant les écoles.
Projet de service d’auto-partage (locations par la ville à des tarifs préférentiels) lié à l’éco-quartier.
Faire de l’écologie (au quotidien!)
Restent trois maraichers dans la ville, il y a une vraie volonté de conserver cette activité dans la commune, mais ce n’est pas évident car le foncier est cher et s’il n’y a pas de repreneur suite au départ d’un maraicher les terrains risquent de partir vers d’autres usages. Le lien est fait avec le développement du Bio (cantines à 100% bio, mis en route sans impact sur la tarification des repas, les tarifs sont vraiment sociaux : de 40 cts à 1,84 € selon les revenus), et la volonté de consommer local. Il y dans les cantines moins de viande dans les repas, moins de gaspillage. Les changements sont bien vécus grâce à un travail d’appropriation en amont, avec des diététiciens. C’est le CAT de Grande Synthe, qui fait les repas (choix délibéré et utilisation des clauses des marchés publics pour favoriser le recours à une structure ayant une utilité sociale).
Mise en place de réseaux de personnes ressources : ex les habitants « maîtres composteurs » pour aider à l’utilisation des composteurs collectifs de pieds d’immeubles et du compost ensuite.
Mise en place de jardins en pied d’immeubles notamment pour les nouveaux logements.
Les jardins familiaux, les composteurs… sont des facteurs de lien social.
Aujourd’hui la commune dispose de corridors verts, d’espaces protégés réglementaires ou non (réserve naturelle ou zone naturelle PLU).
La ville a une gestion différentiée des espaces verts depuis 1995 qui accentue la biodiversité ( nombre d’espèces d’oiseaux nicheurs inventoriées qui a été multiplié par trois). Un espace démonstratif a été mis en place, avec des parcelles témoins, qui montrent l’évolution de la végétation selon le mode d’entretien (de la tonte hebdomadaire, au laisser-faire naturel).
Elle a créé un hôtel d’insectes, un verger pédagogique. Elle croit beaucoup à la pédagogie pour la vie quotidienne en impliquant la population.
Les conseils de quartier (facultatifs) sont autonomes et hors du contrôle des les élus.
Santé
Problème d’accès aux soins, qui demeure, seule une polyclinique existe et elle est sur la sellette pour l’ARS. Sont à signaler la réalité des difficultés de santé dus aux micro-particules, intuitivement la commune comprendrait beaucoup de pb de cancers.
Par contre pas de pb de qualité des sols par rapport aux pollutions des industries avoisinantes, du fait des vents de mer, il n’y a pas de pb pour les jardins familiaux. La ville fait des analyses de sol régulières.
Social
Pour les personnes âgées, et aussi pour les jeunes, de manière explicite il n’y a pas pas de politiques ciblées, ils sont pris en compte en dehors de toute spécificité. Il y a eu à une époque des équipements spécifiques « jeunes » mais cela a posé des pb de conflits de « bandes » ; les animateurs n’en pouvaient plus ! La ville a fait le choix d’équipements « tous publics » , facteurs d’apaisement.
Le Taux de natalité de 40% supérieur à la moyenne nationale, la ville dispose d’une très bonne couverture en matière de services à la petite enfance (ex gardes de nuit !!!). chiffre donné : 123 places d’accueil contre 45 à Arras.
Est aussi en place une aide pour les études supérieures avec une garantie de revenu minimum selon bourses et ressources des parents pour les étudiants. Très peu de diplômés sont au chômage, mais les jeunes ayant un niveau d’étude inférieur au bac peinent à trouver un emploi.
A signaler
La ville a crée un parc tertiaire très arboré qui aujourd’hui est plein, et devrait s’étendre. Reste toutefois une forte dépendance à l’industrie lourde (env. 4000 emplois, ARCELOR, Total), et un fort taux de chômage (25%).
La compétence culture est communale, la CUD n’intervient pas. La ville mène des projets culturels avec des artistes en résidence, souvent sur des thèmes liés avec le « développement durable », ce qui permet d’impliquer les habitants de manière sensible.
Le Fn est à 18 % aux dernières élections soit une chute radicale, mais avec une abstention qui progresse.
Petite conclusion
La visite a mis en évidence plusieurs facteurs essentiels pour la réussite d’une conversion écologique d’une ville. La transposition a cependant ses limites car la ville de GS a des moyens financiers confortables (bien mobilisés au demeurant). C’est en outre une ville de création récente qui a très tôt fait le choix du long terme ( ex la politique foncière), pour qui la modification de l’image, perçue comme « ouvrière », « SEVESO », est essentielle à travers les politiques « biodiversité », « cadre urbain »…
Les principaux enseignements à tirer de cette visite sont :
– Mener des politiques de long terme est payant, il faut miser sur l’intelligence et l’innovation. Notamment, penser à la transformation de l’image, pour une ville.
– S’impliquer dans la composition urbaine, être exigeant vis-à-vis des bailleurs.
– L’écologie doit se décliner au quotidien, en identifiant et mobilisant (mise en réseau) des acteurs dans les quartiers et en partant d’abord des attentes de la population. Les projets sont à aborder par l’angle social, par les besoins sociaux.
– Avoir une approche pédagogique systématique (notamment par l’exemple, vergers tonte différentiée).