AGROÉCOLOGIE : L’EXEMPLE DE LA CULTURE DU MAÏS MEXICAIN

Le Mexique est le berceau de la culture du maïs, graminée issue d’une plante fourragère sauvage locale installée dans les montagnes du Sud du pays depuis près de 9000 ans, la « téosinte ». Elle a été domestiquée et diversifiée sous l’action de l’homme . Au début de son existence, son épis mesurait 2,5 cm en moyenne.

Les marins de Christophe Colomb firent la connaissance du « mahiz » dès la traversée historique de 1492. Le navigateur le décrit dans ses carnets comme un blé gigantesque à la tige élégante et aux graines dorées.

Quelques épis revinrent à bord de sa caravelle. En 1494, le maïs était semé à Séville. De là, il allait être propagé en Europe.

Les paysans mexicains ont sélectionné, échangé leurs semences, les ont améliorées et ont créé de nouvelles variétés. Il en existe une soixantaine au Mexique et plus de 200 sur la surface du globe aujourd’hui.

LA MILPA : UN EXEMPLE D’AGROECOLOGIE

Le système de polyculture élaboré par les paysans mexicains appelé « milpa », a permis depuis longtemps la production d’aliments riches, variés et équilibrés sur des surfaces restreintes. C’est le modèle d’agro-écologie le plus abouti et qui date d’avant la conquête espagnole.

Des centaines de générations du « peuple du maïs » ont mis au point un mélange de cultures de 3 espèces .Ce système consiste à mettre en terre au même endroit des grains de maïs, de haricots et de courges.

Le maïs sert de tuteur aux haricots, les haricots fixent l’azote de l’air et l’apportent au maïs. Les feuilles de courges font de l’ombre sur le sol et permettent d’en conserver l’humidité.

Les parcelles sont en parfaite santé et évoluent au coeur d’une belle biodiversité . Dans ce système, il n’y a pas de mauvaises herbes car les plantes qui poussent au milieu des parcelles servent aux animaux qui eux-mêmes produisent de la matière organique et du fumier, ce qui entretient la fertilité des sols. La « milpa » est un système en circuit fermé, durable, qui ne dépend pas des marchés extérieurs et qui génèrent ses propres productions et intrants sans substance chimique.

C’est un système qui permet d’être auto-suffisant.

L’agro-écologie s’appuie sur une série de principes comme l’accroissement de la biodiversité, le recyclage, l’augmentation des matières organiques du sol, l’intégration d’animaux. Elle maintient les services d’un écosystème et préserve les ressources locales.

La « milpa » est une polyculture typique de l’Amérique Centrale. Dans d’autres régions du monde, on trouve d’autres combinaisons de cultures dont l’interaction produit une synergie qui rend le système beaucoup plus productif que les monocultures. Dans le Sahel par exemple le mil est associé au nébié, plante fourragère.

Une étude réalisée sur les approches agro-écologiques dans 286 projets menés dans 57 pays en développement, et couvrant une surface totale de 37 millions d’hectares, démontre que l’agriculture familiale agro-écologique peut conduire à une augmentation moyenne des rendements jusqu’à 79% (source : OXFAM-SOLIDARITE) Les pratiques paysannes ancestrales donnent des indications intéressantes, qui, optimisée permettent la mise en place d’un agro-écologie adaptée.

Olivier de Schutter lui-même, rapporteur spécial pour le Droit à l’Alimentation de l’ONU, estime qu’en 10 ans l’agro-écologie peut doubler la production alimentaire de régions entières, réduisant ainsi la faim et la pauvreté.

C. S.