L’arbre est parfois commun, il n’en reste pas moins admirable et demande sans doute à changer le regard qu’on lui porte, car outre la matière qu’il représente parfois sur un plan économique il reste un compagnon précieux pour l’homme et mérite toute notre attention et notre considération pour ses bienfaits, notamment en milieu urbain.
Et au moment où la nécessité de préserver et de renforcer la biodiversité sur la planète, et donc sur notre territoire, devient une évidence, il ne semble pas inutile de rappeler les liens vitaux qui unissent l’humain et le végétal. Bien connaître la place de l’arbre dans notre vie au quotidien permet sans doute de mieux œuvrer pour sa protection.
Qu’est-ce qu’un arbre ?
Un arbre est un végétal de grande taille qui naît, vit, respire et se nourrit sans changer de place.
Un arbre, comment ça fonctionne ?
Un arbre a, comme toute plante, des racines, qui vont puiser de l’eau dans le sol et donc des minéraux. Cette eau monte par des vaisseaux : c’est la sève brute.Elle arrive dans les feuilles où elle rencontre un autre flux qui vient de l’air et qui est composé pour l’essentiel de gaz carbonique. Ce gaz se combine avec l’eau, et donne de la matière végétale (chimiquement : des sucres).
L’arbre pompe dans l’atmosphère des gaz carboniques, mais aussi des polluants contenus dans l’air ce qui est une découverte assez récente.
En septembre 2012, l’OMS a donné un chiffre très inquiétant : 1.3 million de personnes meurent prématurément dans les villes uniquement en raison de la pollution de l’air ( industries, voitures et systèmes de chauffage ) et ce chiffre est en nette augmentation. Or, on a découvert que les arbres sont capables de fixer les particules fines, dangereuses pour le système broncho-pulmonaire, issues de la combustion des carburants.
Les arbres absorbent d’autres Composés Organiques Volatiles : oxydes d’azote, oxydes de soufre, monoxyde de carbone, ozone …. L’Institut International Boulder ( Colorado USA ) a récemment mis en évidence que les arbres pompent tous ces polluants avec une efficacité bien plus grande que ce qu’on croyait.
Une étude menée par des scientifiques de cet institut montre que les plantes à feuilles caduques absorbent au final 36% de COV de plus que ce que les études actuelles laissaient présager. Cette consommation des Composants Organiques Volatiles évite leur dégradation en aérosols dans l’atmosphère, lesquelles substances ont un impact important sur le climat et la santé humaine.
On sait par ailleurs qu’un hectare boisé stock 50 tonnes de poussières (PM10) en une année !
Donc, l’arbre dépollue, il est « nettoyeur d’atmosphère » c’est un véritable poumon.
Bien comprendre l’arbre permet de reconnaître toute la valeur qui convient à son rôle et à sa place dans nos villes.
Plus l’air est pollué, plus les enzymes qui se trouvent dans les feuilles sont stimulés pour permettre à la feuille de recevoir cette pollution. Elle en fait ceci : quand il s’agit de composants organiques volatiles, elle transforme ces gaz polluants en de la matière végétale. L’arbre procède donc à une photosynthèse d’une part ( utilisation de la lumière du soleil pour produire de l’énergie : des glucides ) et utilise d’autre part les composés organiques volatiles pour sa nutrition ( matière végétale).
Les métaux lourds quant à eux ne sont pas métabolisés par l’arbre, ils vont rester dans l’arbre et se concentrer probablement dans ses racines. ( les études manquent actuellement sur ce sujet). Ainsi, l’arbre en ville est un incroyable concentré de technologies qui agit 24h sur 24 sur le climat urbain et sur notre bien-être. Ses racines pompent l’eau des intempéries, son feuillage atténue le vent, le bruit et les ardeurs du soleil (ombre, mais aussi fraîcheur grâce l’évapotranspiration).
A toutes ces qualités, il faut encore ajouter la valeur esthétique de l’arbre, et également le lien social qu’il crée. Cette fonction a été étudiée par des équipes de médecins, sociologues, et psychologues qui se sont penchés sur la relation de la végétation urbaine avec la santé physique, morale et économique.
La conclusion est la suivante : plus l’environnement est arboré, plus il est agréable, et plus il va être fréquenté et donc produire une qualité relationnelle chez les habitants.
Les plantes communiquent entre elles , et c’est bien sûr le cas des arbres.
Un exemple connu : celui de l’acacia caffra de la savane africaine. Au fur et à mesure qu’une antilope kudu se délecte des feuilles de cet arbre, la teneur en tanin de celles-ci augmente, les rendant indigestes. Dans le même temps, les feuilles déchirées par l’animal libèrent un gaz ( éthylène) qui se répand dans un rayon de 6 mètres et se dépose sur les feuilles des acacias dans le périmètre, ce qui déclenche la sécrétion des tanins chez les acacias récepteurs. Ainsi ces arbres limitent le prélèvement de leur feuillage par les kudus et donne l’alerte ! Ce phénomène règle l’équilibre naturel entre le végétal et l’animal. En conséquence l’antilope kudu apprend à manger rapidement sur chaque arbre et remonte au vent, vers les acacias qui n’ont pas encore été prévenus.
Le langage du monde végétal, des arbres, est un langage biochimique codé des molécules.
On retrouve ces échanges chimiques dans le système racinaire des arbres, organe souterrain qui par une symbiose naturelle avec les bactéries et champignons du sol ainsi que la macrofaune, rend le sol fertile et vivant en produisant l’humus.
Francis Hallé propose cette définition de l’arbre : une plante, un arbre, c’est essentiellement un volume modeste, une vaste surface aérienne et souterraine, portée par une infrastructure linéaire de très grande dimension.
Ce botaniste, biologiste s’est attaché à mesurer la surface d’un végétal et ce n’est pas chose facile. Dans le cas d’un arbre, il faut évaluer le nombre de rameaux, et celui des feuilles, mesurer la surface de la feuille recto-verso, et celle d’un rameau, cumuler ces différentes surfaces partielles avec celles du tronc. Il a estimé la surface aérienne d’un arbre de 40 m de haut à 10 000m² ( 1 Ha) En ce qui concerne les surfaces racinaires, les investigations sont plus difficiles et les données encore plus rares.
C’est le mot anastomose qui décrit la fusion physique et fonctionnelle de deux organismes végétaux appartenant à une même espèce via leurs racines.
Les scientifiques pensent avoir sous-estimé l’importance de l’anastomose racinaire dans les forêts et les alignements d’arbres. Elle favorise la résistance globale d’une population d’arbres et favorise le maintien des sols (effet antiérosif accru). Elle favorise également l’exploitation optimum du milieu ( capture des oligoéléments vitaux, communication de molécules éloignant un champignon pathogène)
Ainsi, les racines interconnectées d’un groupe d’arbres profitent à l’ensemble.
Les arbres communiquent donc à distance, réagissent, organisent une entraide, et on sait aussi qu’une pousse d’arbre réagit à une anomalie du champ magnétique local. Les recherches en matière de signaux électriques concernant les plantes, les arbres, seront l’objet de toutes les attentions futures des chercheurs.
Il existe sur la planète, mais aussi tout simplement dans nos villes des arbres qui sont de vrais chef-d’oeuvres par leur architecture, leur ancienneté, leur rareté et aussi pour certains, leurs dimensions.
Le plus vieil arbre connu est un EPICEA, il vit en Suède depuis 9550 ans ( datation carbone), ceci s’explique par sa très lente croissance dans une zone très froide et qui a connu des périodes de glaciations.
L’arbre le plus haut sur la planète est ce SEQUOIA qui vit en Californie, il atteint 115 mètres de haut ( plus de 2 fois la hauteur des tours de Notre Dame de Paris).
On sait aujourd’hui que l’arbre nous protège et, dans la nature comme dans nos villes, il abrite dans son ramage une faune et une flore importantes : lichens, mousses, fleurs, fruits, insectes, araignées, oiseaux, petits rongeurs, chauve-souris …
On l’aura compris, l’arbre est vivant et accueille le vivant. Apparu sur la planète voilà 380 millions d’années, il vit en harmonie avec l’homme. Pour notre avenir il mérite d’être protégé chaque fois qu’il est menacé.
Voltaire, déjà vieux écrivit à ses amis :
» Je ne fais que planter des arbres : je sais que je suis trop vieux pour jamais pouvoir profiter ni de leurs fruits, ni de leur ombre, mais je ne vois pas de meilleur moyen de m’occuper de l’avenir « .
Voltaire fut en son temps passeur d’idées nouvelles. Saurons-nous trouver la sagesse nécessaire qui aidera à bâtir le futur de nos enfants et petits enfants, et leur faire ce cadeau d’une harmonie retrouvée avec la nature. Faire naître un arbre aujourd’hui est un geste d’espoir et d’avenir.